Joe Biden a demandé vendredi à Moscou de «laisser partir» un journaliste américain arrêté en Russie, dont l'employeur, le Wall Street Journal, réclame pour sa part l'expulsion de l'ambassadeur et des journalistes russes en poste aux Etats-Unis.
«Laissez-le partir». C'est en ces termes que le président des Etats-Unis Joe Biden a réclamé à Moscou la libération d'un journaliste américain. Une déclaration faite face à des journalistes qui sollicitaient sa première réaction publique sur cette affaire depuis la Maison Blanche.
Evan Gershkovich, reporter russophone âgé de 31 ans et reconnu pour sa rigueur, a été arrêté à Ekaterinbourg, dans l'Oural, pour des soupçons d'«espionnage». «Expulser l'ambassadeur russe des Etats-Unis, ainsi que les journalistes russes y travaillant, serait la moindre des choses», affirme de son côté le quotidien américain, dans un éditorial publié dans la nuit de jeudi à vendredi. «Le moment choisi pour l'arrestation ressemble à une provocation calculée pour embarrasser les Etats-Unis et intimider la presse étrangère qui travaille toujours en Russie», a-t-il ajouté.
Asked about @WSJ reporter Evan Gershkovich, an accredited American reporter, who was arrested in Russia on espionage charges, President Biden said, "Let him go" and added there is a process. pic.twitter.com/rdT4376D4Y
— Kelly O'Donnell (@KellyO) March 31, 2023
En détention jusqu’au moins le 29 mai
Dans une lettre adressée au personnel vendredi soir, la rédactrice en chef du «WSJ» a assuré que tout serait fait pour «assurer la libération d'Evan» et a remercié ceux qui se sont mobilisés en ce sens ces derniers jours. «Votre sécurité est ce qui compte le plus pour moi, et nous continuerons à la protéger, quel que soit l'endroit d'où vous effectuez vos reportages», a-t-elle ajouté.
«Evan est un membre de la presse libre qui, jusqu'à son arrestation, faisait son métier de journaliste. Toute suggestion du contraire est fausse», a encore écrit Emma Tucker, qualifiant les agissements de la Russie de «totalement injustifiés».
Le Kremlin a mis en garde jeudi Washington contre toute forme de représailles visant les médias russes travaillant aux Etats-Unis après l'arrestation du journaliste américain pris, selon Moscou, «en flagrant délit» d'espionnage. «Concernant la demande d'expulsion de tous les journalistes russes, le journal (le WSJ) peut dire cela, mais cela ne devrait pas se produire. Il n'y a simplement aucune raison pour cela», a déclaré vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, devant des journalistes. Il a ajouté que le journaliste américain «a été pris en flagrant délit (d'espionnage)» et que «la situation est claire».
Evan Gershkovich a nié les accusations portées contre lui lors d'une audience devant un tribunal de Moscou, selon l'agence de presse étatique russe Tass. Le journaliste américain a néanmoins été placé en détention provisoire jusqu'au 29 mai, une mesure qui peut être prolongée dans l'attente d'un éventuel procès.