Amérique, Europe, Asie... Les droits des femmes connaissent des régressions partout dans le monde. Tour d'horizon en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
Etats-Unis : la cour supreme remet en cause le droit à l'avortement
Le 24 juin 2022, la Cour suprême américaine abroge l'arrêt «Roe v. Wade» de 1973 garantissant le droit à l'avortement au niveau fédéral. Depuis cette date, une vingtaine d'Etats américains ont interdit l'avortement ou l'ont profondément limité. Certains ont instauré de rares exceptions (en cas de viol par exemple) mais d'autres, comme le Texas, interdisent l'avortement systématiquement.
Avant même la décision de la Cour suprême, 13 Etats avaient voté des lois anti-avortement, dites «trigger laws» (lois de déclenchement ou lois «gâchette»), prévues pour entrer en vigueur dès que la législation le permettrait.
En conséquences, de nombreuses femmes sont obligées de faire des centaines de kilomètres pour avorter dans un Etat où la législation le permet. Mais certaines sont pris au pièges des «fake clinic», de fausses cliniques d’avortement tenues par des militants «pro-life» qui font tout pour dissuader les femmes enceintes d'avortement.
La nouvelle législation, qui affecte des millions de femmes, donne lieu à de nombreux drames humains. Le 18 février dernier, le Washington Post relatait l'histoire d'une habitante de Floride dont le fœtus est touché par une anomalie mortelle, et qui devra donc accoucher d'un bébé mort.
europe : pologne et hongrie entravent l'avortement
En Europe, le droit à l'avortement a récemment été fragilisé dans plusieurs pays. En 2020, la Pologne l'a limité aux cas de viol et d'inceste, ou lorsque la vie ou la santé de la mère sont en danger.
En Hongrie, depuis septembre 2022, les femmes qui souhaitent avorter doivent désormais écouter les battements du cœur du fœtus. Une décision qui va rendre «plus ardu l'accès à l'avortement» et «traumatisera davantage de femmes déjà en situation difficile», dénonce l'ONG Amnesty International à l'époque.
Dépénalisé en 1985, puis légalisé en 2010, l'accès à l'avortement reste également difficile en Espagne. Dans ce pays de tradition catholique, bon nombre de médecins refusent de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse (IVG) par objection de conscience. A cause de cette situation, et aussi de l'absence de clinique spécialisée à proximité, des femmes doivent parfois parcourir des centaines de kilomètres pour pouvoir avorter.
Dans ce contexte, des associations plaident pour «sanctuariser» ce droit en France, en l'inscrivant dans la Constitution. Une proposition de loi en ce sens est en discussion.
Afghanistan : un «sombre bilan» depuis le retour des talibans
Nombre d'ONG tirent la sonnette d'alarme sur la dégradation des droits des femmes en Afghanistan, depuis le retour au pouvoir des talibans, en août 2021.
Dans un rapport paru l'été dernier, Amnesty international dénonce la «répression suffocante contre la population féminine de l’Afghanistan» qui «s’intensifie chaque jour». L'ONG appelle la communauté internationale à élaborer «une stratégie robuste et coordonnée» afin de «faire pression» sur le régime en place.
Les talibans ont multiplié les mesures visant à pousser les femmes hors de l'espace public, leur interdisant notamment d'accéder à certains emplois. Dans l'éducation, les filles ont été exclues de l'école secondaire et de l'enseignement supérieur. «Les femmes ayant manifesté de manière pacifique contre ces règles oppressantes ont été menacées, arrêtées, incarcérées, torturées», dénonce Amnesty.
Ukraine : une guerre «dévastatrice» pour les femmes
Si leurs droits n'ont pas à proprement parler reculé en Ukraine, les femmes ont vu leurs conditions de vie se dégrader à cause de la guerre.
L'agression russe a des «répercussions dévastatrices» sur les femmes et les filles ukrainiennes, souligne l'ONU Femmes. Elle relève dans un récent rapport une «hausse alarmante des violences basées sur le genre, des rapports sexuels en échange de nourriture et de la vie sauve (...) et des mariages d'enfants». Des ONG ont également dénoncé le recours au viol comme «arme de guerre» par les forces russes.
Malgré la guerre, l'Ukraine a toutefois ratifié l'an dernier la Convention d'Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour prévenir les violences envers les femmes.