Le président du Rassemblement national Jordan Bardella se trouve ce dimanche au Portugal à l'occasion de la cinquième convention du parti de droite nationale Chega. Un déplacement en terre lusitanienne, point de départ d'une prochaine tournée à travers l'Europe pour celui qui devrait être la tête de liste du RN pour les européennes de 2024.
L'invitation avait été lancée au moins en novembre dernier. Posant aux côtés de plusieurs membres du groupe Identité et Démocratie (ID), André Ventura, fondateur et président du parti de droite nationale portugais Chega («Ca suffit», en français) avait annoncé avoir convié le nouveau président du RN, Jordan Bardella, à Lisbonne «en février».
Formellement, la nouvelle rencontre entre les deux hommes n'aura pas lieu le mois prochain, mais bien à la fin de ce mois de janvier. Et ils se verront ce dimanche non pas dans la capitale portugaise, mais à Santarem, ville située à une centaine de kilomètres de Lisbonne, connue notamment pour sa cathédrale et son ancien collège jésuite du XVIIe siècle.
Vu du Portugal, ce dimanche marque le dernier jour de la cinquième convention de Chega afin de réélire à sa tête André Ventura et renouveler les organes locaux du parti, devenu, en 2019, la troisième force politique du pays avec l'élection de 12 députés à l'Assemblée de la République, le Parlement portugais.
Vue de France, cette convention interpelle par le nombre de chefs de partis européens qui s'y sont donné rendez-vous. Ont été ainsi annoncés Tino Chrupalla pour l'AfD (Allemagne), Geert Wilders, du Parti de la liberté (Pays-Bas), Rocio Monasterio, leader de Vox à Madrid (Espagne) et surtout Jordan Bardella pour le Rassemblement national français.
Les yeux rivés vers Strasbourg
Si la date des prochaines élections européennes, en juin 2024, paraît encore lointaine et qu'il n'est pas déclaré, le jeune leader de 27 ans laisse planer peu de doute quant à ses ambitions. «Je me réserve pour les européennes», confiait-il ainsi à l'été dernier pour justifier sa non-candidature aux élections législatives, rappelle à juste titre Le Point. De quoi donner un peu plus des airs de «pré-campagne» à ce déplacement au Portugal, d'autant qu'il constitue la première étape d'une prochaine tournée européenne prévue pour s'étaler jusqu'à l'automne.
«Je fais cette tournée pour renforcer les liens avec nos alliés du groupe Identité et Démocratie (ID) et ceux qui n'en font pas partie. Tous les partis patriotes qui, sur le continent, montent en puissance» a d'ailleurs indiqué Jordan Bardella à nos confrères. «Il espère ainsi œuvrer dans le sens d'une "super coalition" souverainiste susceptible de faire émerger, au lendemain des prochaines européennes, "une majorité alternative au Parlement européen" pour ainsi "prendre le pouvoir de l'intérieur"», analyse encore Le Point.
Une mission sur le papier non impossible mais qui apparaît aujourd'hui bien compliquée. A Strasbourg, la grande famille nationaliste et souverainiste reste en effet actuellement bien divisée au Parlement entre, d'un côté, les Conservateurs et réformistes européens (ECR, qui inclut notamment le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d'Italia) et, de l'autre, le groupe Identité et Démocratie (ID), fondé par le Rassemblement national et la Lega de l'Italien Matteo Salvini. Avec, en tête des sujets qui fâchent, les différents positionnements à l'égard de la Russie. «A terme, ce ne sera pas un frein irrémédiable», veut croire Jordan Bardella qui tient à rappeler «l'agression de l'Ukraine par la Russie».
Pour tenter de concilier les groupes ID et ECR, le président du Rassemblement national entend plutôt s'appuyer sur leurs convictions communes et annonce au Point : «Nous présenterons à nos actuels et futurs alliés, d'ici au printemps, un pacte européen pour la protection de notre identité et de nos frontières. Ainsi qu'un second pour la protection de notre marché intérieur grâce au patriotisme économique.» Mais reste à savoir comment l'initiative sera reçue.
La création d'un grand et unique groupe souverainiste et des droites au Parlement européen passera enfin nécessairement par l'objectif d'envoyer le maximum d'eurodéputés RN à Strasbourg. Et encore faudra-t-il, pour cela, convaincre face à la quantité de candidatures politiquement proches, ou perçues comme telles, mais rivales.