Soupçonné d'être à l'origine de la série de colis piégés envoyés en Espagne fin 2022, un homme de nationalité espagnole a été arrêté mercredi 25 janvier. Le rôle de la Russie est aussi pointé du doigt.
Un homme de 74 ans a été arrêté mercredi en Espagne, soupçonné d'avoir envoyé fin 2022 une salve de lettre piégées, notamment à l'ambassade d'Ukraine et au Premier ministre espagnol.
«Des membres de la Police nationale ont arrêté ce matin un homme de nationalité espagnole à Miranda de Ebro (ville du nord du pays), considéré comme l'auteur présumé de l'envoi de six lettres contenant du matériel explosif (...) fin novembre et début décembre», a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un message transmis à la presse. Une source policière a précisé à l'AFP que cet homme était un «retraité de 74 ans».
Les lettres explosives avaient été adressées au Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, à sa ministre de la Défense Margarita Robles, à l'ambassade d'Ukraine et à celle des Etats-Unis en Espagne, mais aussi à une entreprise d'armement fabriquant des lance-grenades donnés par Madrid à Kiev, et à une importante base militaire espagnole.
aucune thèse écartée
«Il semble que la personne arrêtée a fabriqué et envoyé, seule, les engins explosifs», mais «la Police nationale n'exclut pas la participation ou l'influence d'autres personnes», a souligné le ministère, alors que des perquisitions au domicile du suspect étaient toujours en cours. «Nous travaillons sur toutes les hypothèses», a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska.
Lors de l'ouverture de l'une de ces lettres, adressée à l'ambassadeur d'Ukraine en Espagne, le chargé de sécurité de la représentation diplomatique avait été légèrement blessé à la main droite le 30 novembre. Les autres lettres avaient été interceptées par les services de sécurité et n'avaient pas fait de victimes.
La justice espagnole avait immédiatement ouvert une enquête pour des faits présumés de «terrorisme», tandis que Kiev avait ordonné un renforcement de la sécurité dans toutes ses représentations après l'explosion de la lettre dans son ambassade, qualifiée d'«attentat» par le chef de la diplomatie espagnole.
un acte téléguidé par la russie via un groupuscule d'extrême-droite ?
L'ambassadeur d'Ukraine en Espagne, Serhii Pohoreltsev, avait implicitement accusé la Russie d'être à l'origine du courrier piégé qui lui avait été adressé tandis que l'ambassade de Russie en Espagne avait pour sa part condamné l'envoi des lettres piégées.
Dans un article publié dimanche et citant des responsables américains, le New York Times assurait que les services de renseignements américains et européens soupçonnent un groupuscule paramilitaire russe, le Mouvement impérial russe (MIR), d'être derrière ces lettres piégées.
Ce groupe ultranationaliste et suprémaciste blanc, inscrit sur la liste américaine des organisations terroristes en 2020, aurait agi en sous-main pour le renseignement militaire russe (GRU), affirme le quotidien américain. «Des membres importants du groupe se sont rendus en Espagne et la police (espagnole) a mis en lumière ses liens avec des organisations espagnoles d'extrême droite», écrit notamment le New York Times. D'après le quotidien, cette campagne aurait été organisée pour «tester» la capacité de ces groupes à agir en cas d'escalade du conflit en Ukraine.
Selon le Centre pour la sécurité internationale et la coopération de l'Université de Standford (CISAC), qui tient à jour un répertoire des principaux groupes suprémacistes dans le monde, le MIR a été fondé en 2002 et combat depuis 2014 aux côté des séparatistes prorusses dans la région ukrainienne du Donbass. Il entretient «des contacts avec des groupes néonazis et suprémacistes blancs à travers l'Europe et les États-Unis» et «a dispensé une formation paramilitaire à des ressortissants russes et à des membres d'organisations d'autres pays partageant les mêmes idées», détaille le CISAC.