Emmanuel Macron et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez ont signé jeudi à Barcelone (Espagne) un «traité d'amitié et de coopération». Pas moins de onze ministres accompagnaient le président français pour ce voyage «hautement symbolique»
C'est à Barcelone, loin des grèves et des manifestations, qu'Emmanuel Macron a signé ce jeudi avec le Premier ministre espagnol un «traité d'amitié et de coopération» entre la France et l'Espagne.
Ce traité, qui prévoit un renforcement de la relation bilatérale sur les questions migratoires, de défense, d'énergie ou de jeunesse, a été paraphé par les deux dirigeants sous la coupole du Musée national d'art de Catalogne.
Sa signature le jour même de la mobilisation contre la réforme des retraites est un pur hasard de calendrier, assure l'Elysée. Le voyage en Espagne du président, accompagné de onze ministres dont Bruno Le Maire (Economie), Pap Ndiaye (Education) et Gérald Darmanin (Intérieur), était prévu de longue date.
«Hautement symbolique» pour la présidence française, le traité est seulement le troisième de la sorte signé en Europe par la France après celui de l'Elysée, paraphé en 1963 avec l'Allemagne (complété depuis par celui d'Aix-la-Chapelle en 2019) et celui du Quirinal, signé avec l'Italie en 2021. De son côté, l'Espagne n'a signé de traité comparable qu'avec le Portugal.
Le traité franco-espagnol est «très important. Parce qu'au fond la vie linguistique, culturelle, économique (entre les deux pays) était très en avance sur la structuration politique. On a une vraie relation d'amitié avec Pedro Sanchez. Et donc là, on va vraiment donner un cadre» a souligné Emmanuel Macron dans un entretien publié jeudi par le quotidien El Pais.
une réponse commune face aux Etats-Unis
Emmanuel Macron avait aussi dans l'esprit de concrétiser à Barcelone une «ligne commune avec Madrid» sur la réponse européenne à l'Inflation Reduction Act, le plan d'investissement massif du président américain Joe Biden dans la transition énergétique.
Le président français, qui avait dénoncé fin novembre à Washington des subventions américaines «super agressives», veut une action tout aussi massive de l'UE et des décisions rapides pour éviter la fuite d'entreprises européennes attirées par les aides américaines.
«Nous sommes l'un et l'autre conscients du fait qu'il faut réagir de manière très volontariste», afin de «donner un message très clair à nos entreprises», a-t-il déclaré devant la presse ce jeudi. «Nous nous félicitons que les Etats-Unis rentrent dans la transition verte mais nous devons trouver un accord afin que cet engagement dans la transition verte ne signifie pas la désindustrialisation de l'Europe», a ajouté Pedro Sanchez
les indépendantistes en trouble-fêtes
La signature du traité franco-espagnol intervient trois mois après la levée d'un des principaux désaccords entre les deux pays qui ont décidé, avec le Portugal, d'enterrer le projet de gazoduc «Midcat», auquel s'opposait Paris, pour le remplacer par un pipeline d'hydrogène «vert» reliant Barcelone à Marseille et baptisé «H2Med».
la ville de Barcelone a justement été choisie par Pedro Sanchez comme hôte du sommet pour souligner l'importance de ce projet stratégique mais aussi pour montrer que la situation s'est apaisée en Catalogne, théâtre d'une tentative de sécession en 2017.
Cela n'a pas empêché plusieurs milliers d'indépendantistes catalans de manifester jeudi matin tout près du sommet pour protester contre sa tenue, aux cris de «ni France, ni Espagne!».
le couple franco-allemand fragilisé ?
En paraphant un nouveau traité d'amitié avec un voisin du Sud de l'Europe, Paris veut graver dans le marbre le renforcement de ses relations avec d'autres voisins au moment où le moteur franco-allemand de l'UE est souvent apparu essoufflé.
Les relations entre Paris et Berlin ont récemment souffert de plusieurs différends, de l'énergie à la défense, ayant entraîné un report du Conseil des ministres franco-allemand prévu fin octobre.
Les tensions se sont depuis apaisées et ce conseil aura lieu le 22 janvier à Paris, une date symbolique qui coïncidera avec le soixantième anniversaire du Traité de l'Elysée.