Le pape émérite Benoît XVI est décédé ce samedi 31 décembre à l'âge de 95 ans. La mort d'un souverain pontife se conjugue en temps normal à des funérailles et une succession encadrées selon un protocole strictement défini. Mais avec la disparition du théologien allemand, qui avait démissionné, les choses seront forcément différentes.
En terra incognita. Benoît XVI n'est plus. Celui qui avait succédé à Jean-Paul II en 2005 s'est éteint ce samedi à l'âge de 95 ans. Comme l'explique Alice Ritchie, journaliste pour l'AFP et correspondante de l'agence au Vatican, à la mort d'un pape, funérailles et succession sont réglées comme du papier à musique.
Mais cette fois, face à la disparition de Benoît XVI qui a démissionné voici près de dix ans, le Vatican se confronte à une inconnue de taille. D'abord parce que la mort du souverain pontife enclenche d'ordinaire la convocation rapide d'un conclave, au cours duquel les cardinaux élisent son successeur. Un scénario forcément exclu dans le cas de Benoît XVI, puisque François lui a déjà succédé en 2013.
Alors que les funérailles seront organisées le 5 janvier prochain en présence du pape François, quel protocole sera choisi ? Les autorités vaticanes y ont travaillé dès la brusque aggravation, ces derniers jours, de l'état de santé de Joseph Ratzinger, qui en 2005 avait surpris le monde entier en devenant le premier pape à démissionner en six siècles. Sauf qu'elles ont oeuvré dans le plus grand secret, et n'ont pour l'heure rien révélé de leurs intentions.
Des funérailles place Saint-Pierre, sauf instructions particulières
Selon la Constitution apostolique promulguée en 1996 par Jean-Paul II, un pape doit être enterré entre quatre et six jours après sa mort. Ce samedi 31 décembre, le Vatican a annoncé que Benoît XVI allait être inhumé dans une crypte de la basilique Saint-Pierre.
Le calendrier est en général décidé par les cardinaux venus du monde entier pour cette occasion. Ils observent aussi neuf jours de deuil en hommage au pape défunt, une solennité portant un nom latin : les «novemdiales».
Ce sont traditionnellement les cardinaux - parmi lesquels est élu le futur pape - qui sont à la manœuvre en raison de la vacance du pouvoir créé par le décès du pontife, mais ce n'est pas le cas ici puisque le pape François tient fermement la barre.
En 2005, le corps de Jean Paul II, dernier pape décédé en date, avait été exposé avant de solennelles funérailles place Saint-Pierre, en présence de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement et de têtes couronnées. La cérémonie avait été présidée par le cardinal Joseph Ratzinger, alors tout puissant chef de la congrégation pour la Doctrine de la foi, qui allait ensuite être élu par ses pairs au trône de saint Pierre.
Un million de personnes avaient assisté aux funérailles du très charismatique pape polonais. En tant qu'ancien pape, Benoît XVI devrait lui aussi avoir des funérailles place Saint-Pierre, sauf instructions particulières de sa part. Bien que sa popularité n'ait jamais égalé celle de Jean Paul II, le pape allemand, chef de l'Eglise catholique de 2005 à 2013, est un ancien chef d'Etat, et à ce titre son enterrement devrait attirer une foule de hauts dignitaires et de fidèles.
Des obsèques potentiellement présidées par un pape en fonction
Son biographe officiel, le journaliste allemand Peter Seewald, avait révélé en 2020 qu'il souhaitait être inhumé dans la tombe de Jean Paul II, dans la crypte de Saint-Pierre.
Cette tombe est vide depuis le transfert du cercueil de Jean Paul II dans une chapelle latérale, à l'occasion de sa béatification en 2011. Pour Mgr Claudio Magnoli, expert du Vatican en liturgie, «le rite prévu pour les obsèques des papes sera respecté, étant donné que Ratzinger fut pape».
«La différence essentielle est qu'elles pourraient être présidées par un pape en fonction, c'est-à-dire (le pape argentin Jorge) Bergoglio, alors que jusqu'ici ce rôle revenait au doyen des cardinaux ou à un autre cardinal», a-t-il souligné.
Quelle que soit l'option retenue, le dernier mot reviendra à François. Lorsqu'un pape meurt, son anneau pontifical, une bague faite spécialement pour chaque nouveau pape et qui était jadis utilisée comme sceau pour les documents, est également détruit. Pour Benoît XVI, l'anneau a seulement été barré d'un «X» sur les armes papales après sa renonciation, pour le rendre inutilisable.