Alors que la colère contre les autorités chinoises prend de l'ampleur ces derniers jours en Chine, en réaction à la politique «zéro Covid», un nouveau symbole de contestation émerge. Il s'agit de la feuille blanche.
Des centaines de personnes ont manifesté ce week-end dans plusieurs grandes villes chinoises pour dénoncer les confinements à outrance, certaines scandant des slogans contre le pouvoir en place, une rare démonstration d'hostilité envers le régime du président Xi Jinping et sa politique de «zéro Covid» draconienne pratiquée depuis près de trois ans. Certains manifestants ont brandi des feuilles blanches comme signe de contestation.
Il s'agit d'un simple feuille blanche, sans inscription ou message revendicatif. Or l'arborer lors des manifestations, c'est aujourd'hui lutter contre la censure en Chine.
Cette feuille vierge a fait notamment son apparition dans les manifestations anti-confinement suite à l'incendie d’un immeuble à Urumqi ce jeudi, provoquant la mort de 10 personnes. Dans cette ville de l’extrême ouest du pays, les mesures de restrictions dues au Covid-19 ont ralenti, voire empêché l’arrivée des secours sur place.
Another from Shanghai. Latest example of people protesting with blank sheets of paper. pic.twitter.com/3cQ5YJjkwH
— Alejandro Alvarez (@aletweetsnews) November 26, 2022
Arborer ces feuilles vides de message sont également une parade pour les manifestants pour dire aux autorités : «Allez-vous m’arrêter pour avoir tenu une pancarte ne disant rien ?», a expliqué sur les réseaux sociaux Stephen McDonell, journaliste à la BBC.
You’ll notice anti-#ZeroCovid protestors holding blank sheets of paper in #China. This is not only a statement about dissent being silenced here, it’s also an up yours to the authorities, as if to say ‘Are you going to arrest me for holding a sign saying nothing?”. pic.twitter.com/zY383aruRu
— Stephen McDonell (@StephenMcDonell) November 27, 2022
Et certains Chinois font aussi semblant de brandir des pancartes, comme le montrent certaines vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
NOW - Blank sheets of paper become the symbol of defiance against censorship and lockdowns in China protests.pic.twitter.com/rNwnDoR9kV
— Disclose.tv (@disclosetv) November 27, 2022
Des contestations censurées par les autorités chinoises
Toutefois, le gouvernement traque les manifestants, mais également les hashtags relatifs aux contestations sur les réseaux sociaux, où ces derniers sont censurés. Comme c'est aujourd'hui le cas sur la plate-forme Weibo, le réseau social numéro 1 dans le pays.
De même, les vidéos sensibles sont systématiquement effacées des sites de partage Duoyin et Kuaishou, également très populaires en Chine, où l'application Whatsapp est notamment interdite, explique l'AFP, ce lundi 28 novembre.
A noter que ce n'est pas la première fois que cette feuille blanche est brandie en signe de contestation. Ce phénomène a déjà été aperçu, comme le rappelle le HuffPost, en Russie cette année pour protester contre le conflit en Ukraine, ou encore à Hong Kong en 2020.