L'ambassade des Etats-Unis en République dominicaine accuse le pays de traiter les voyageurs américains différemment, en fonction de leur couleur de peau.
«Au cours des derniers mois, des voyageurs en République dominicaine ont signalé avoir été retardés, détenus ou soumis à des interrogatoires intensifs [...] en raison de leur couleur de peau», selon un communiqué de l'ambassade des Etats-Unis en République dominicaine. Publié samedi 19 novembre, le document a immédiatement fait réagir le pays visé, qui rejette ces accusations de racisme.
Demandant que «les termes» de ce «communiqué ambigu» soient retirés, le ministère dominicain des Affaires étrangères a déploré que le texte de l'ambassade américaine fragilise les «excellentes» relations bilatérales entre les deux pays.
Alert message for U.S. citizens in the Dominican Republic or planning to travel, about situations they may encounter due to ongoing Dominican migration enforcement. Please read the alert message, here: https://t.co/4u0NkYGoKl
— EmbajadaUSAenRD (@EmbajadaUSAenRD) November 19, 2022
«Le gouvernement américain n'a fourni aucune preuve, au-delà de cas anecdotiques sans vérification indépendante, qu'il existe un schéma systématique de violations des droits des migrants ordonnées par les autorités dominicaines, insiste le ministère. Comme partout ailleurs dans le monde, des cas isolés peuvent se produire. S'ils étaient signalés aux autorités compétentes, ils feraient l'objet d'une enquête et seraient dûment sanctionnés».
S'offusquant d'être la cible d'«insinuations aussi graves», le gouvernement dominicain met en avant sa population qui «dans sa couleur de peau» témoigne «d'un large melting-pot de races». Avant d'égratigner à son tour les Etats-Unis qui ont «fait l'objet de nombreuses accusations de traitement xénophobe et raciste à l'égard des migrants et de certains secteurs de sa propre population».
Dans son communiqué, l'ambassade américaine évoquait surtout le durcissement de la politique d'immigration dominicaine, notamment vis-à-vis de personnes d'origine haïtienne. La République Dominicaine et Haïti partagent en effet l'île d'Hispaniola et, en raison des différences de niveau de vie, des milliers de Haïtiens tentent de migrer vers leur voisin dominicain. Un phénomène dont la République Dominicaine veut se prémunir : elle a même construit un rideau de barbelés entre les deux pays.
Privés de nourriture et de toilettes
«Ces derniers jours [...] les agents de la Migration dominicaine (DGM) ont mené de vastes opérations visant à détenir ceux qu'ils croient être des migrants sans papiers, a écrit l'ambassade américaine. Dans certains cas, les autorités n'ont pas respecté le statut juridique de ces personnes en République dominicaine ou leur nationalité. Ces actions peuvent conduire à une interaction accrue avec les autorités dominicaines, en particulier pour les citoyens américains à la peau foncée et les citoyens américains d'ascendance africaine».
Les Etats-Unis décrivent des «détenus» retenus «dans des centres de détention surpeuplés, sans possibilité de contester leur détention». Ces derniers seraient privés d'«accès à de la nourriture ou à des toilettes, parfois pendant plusieurs jours d'affilée, avant d'être libérés ou expulsés vers Haïti».
Accusant les Etats-Unis d'avoir eux-mêmes déporté plus de 20.000 Haïtien, le ministère dominicain des Affaires étrangères justifie sa politique d'immigration, arguant que «comme tout pays souverain qui rapatrie la population étrangère en situation migratoire irrégulière, y compris les Etats-Unis, la République dominicaine a été contrainte d'expulser un grand nombre de migrants haïtiens».