Merrick Garland, ministre américain de la Justice, a annoncé ce vendredi la nomination d’un procureur indépendant qui sera chargé de coordonner les enquêtes visant l'ancien locataire de la Maison-Blanche.
À peine sa candidature annoncée, Donald Trump ne parvient toujours pas à échapper à la Justice. Ce vendredi soir, le ministre américain de la Justice Merrick Garland a annoncé la nomination «dans l’intérêt du public» d’un procureur indépendant pour superviser les enquêtes concernant l’ancien président américain.
«Etant donné les développements récents, notamment l'annonce de la candidature à la prochaine élection présidentielle de l'ex-président et l'intention de candidature de l'actuel président, j'ai décidé qu'il était de l'intérêt du public de nommer un procureur spécial», a affirmé Merrick Garland lors d'une conférence de presse. Il a chargé de cette mission Jack Smith, ex-procureur basé à La Haye du Tribunal spécial pour le Kosovo.
Le milliardaire est actuellement visé par deux enquêtes distinctes de la justice fédérale.
La première porte sur l'assaut mené par ses partisans contre le Capitole le 6 janvier 2021 au moment de la certification de la victoire de son rival démocrate Joe Biden à la présidentielle de 2020.
Cette enquête tentaculaire a entraîné l'inculpation de près de 900 personnes ayant directement participé aux violences.
Mais les procureurs n'ont jamais exclu de s'intéresser à d'autres acteurs. «Chaque personne qui est pénalement responsable des efforts pour annuler l'élection devra répondre de ses actes», a déclaré Merrick Garland à plusieurs reprises.
Une énorme bataille judiciaire
La seconde enquête porte sur les archives de la Maison Blanche.
En quittant la présidence, Donald Trump a emporté des boîtes entières de documents. Or, une loi de 1978 oblige tout président américain à transmettre l'ensemble de ses emails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales.
En janvier, il a rendu 15 cartons. Après examen, la police fédérale a estimé qu'il en conservait probablement d'autres dans sa luxueuse résidence Mar-a-Lago, en Floride.
Des agents du FBI y ont mené le 8 août une perquisition spectaculaire sur la base d'un mandat pour «rétention de documents classifiés» et «entrave à une enquête fédérale», et ont saisi une trentaine d'autres boîtes.
Une intense bataille judiciaire s'est alors ouverte pour déterminer la nature des documents saisis (classifiés ? personnels ? déclassifiés ?) ce qui a ralenti la procédure mais, là encore, une inculpation fédérale reste possible.
Dans le passé, Donald Trump a déjà fait l'objet d'une enquête supervisée par un procureur spécial : Robert Mueller avait été chargé en 2017 d'établir s'il y avait eu une collusion entre son équipe de campagne et la Russie.
Après deux ans d'enquête, il avait jugé ne pas avoir assez de preuves d'un complot entre Moscou et l'équipe Trump, mais avait relevé une série de pressions troublantes exercées par le locataire de la Maison Blanche sur son enquête et s'était dit incapable de le blanchir des soupçons d'entrave à la justice.
Le ministre de la Justice de l'époque, le républicain Bill Barr, n'avait toutefois pas jugé nécessaire de le poursuivre.