Mardi 15 novembre au soir, un missile «de fabrication russe», selon les premiers éléments, a atteint la Pologne, pays membre de l’Otan. L’auteur du tir n’a pas encore été formellement déterminé.
Le risque d’escalade du conflit russo-ukrainien est monté d’un cran, mardi soir, après que la Pologne a été la cible d'un missile. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a convoqué dans la soirée une réunion d'urgence du Conseil de la sécurité nationale, «suite à une situation de crise en cours».
Que s’est-il passé ?
Dans la soirée de mardi, la presse polonaise a donné l’alerte concernant une «chute de missile» dans la commune de Przewodow qui aurait eu lieu plus tôt dans l’après-midi, à une dizaine de kilomètres de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. Quelques rares images ont été diffusées par les médias polonais avant que la zone ne soit bouclée.
Les autorités polonaises ont par la suite affirmé que deux personnes ont été tuées dans l’explosion du missile, ajoutant qu’une enquête était en cours pour déterminer l’origine des tirs.
Plus tôt dans la journée, la Russie a tiré des dizaines de missiles sur le territoire ukrainien, selon Kiev. Il pourrait ainsi s'agir d'une chute imprévue d'un missile qui visait le territoire ukrainien en Pologne, mais cela reste à déterminer. Des débris de missiles russes sont par ailleurs déjà tombés en Moldavie, autre pays voisin de l’Ukraine.
La Pologne a donc placé son armée en état d'alerte renforcée. Dans la nuit de mardi à mercredi, le président polonais Andrzej Duda est resté prudent sur l'origine du missile, et a déclaré : «En ce moment, nous n'avons aucune preuve univoque sur qui a lancé ce missile. Une enquête est en cours. Il était très probablement de fabrication russe», a estimé qu’il s’agissait probablement d’un événement «isolé».
Quelles réactions de l’Europe et de l’Otan ?
L’annonce de la chute de ce missile en Pologne a provoqué une onde de choc chez les pays européens, qui craignent une escalade du conflit, mais également car la Pologne fait partie l'Otan. Selon l'article 5 du traité, si l'un des États membres est victime d'une attaque armée, les autres pays membres pourront considérer cet acte comme une attaque dirigée vers l'ensemble de l'alliance.
Peu de temps après les annonces de la presse polonaise, l’Otan a déclaré «examiner» ces informations «en coordination étroite avec la Pologne, notre alliée», tout comme Washington.
Dans la foulée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a directement accusé la Russie d’avoir tiré des missiles en Pologne. «C'est une escalade très importante. Nous devons agir», a-t-il déclaré, et Kiev a réclamé une réunion «immédiate» de l’Otan pour décider d’une «réponse collective» aux actions présumées de la Russie. Le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg, a toutefois tempéré l’Ukraine en déclarant qu’il fallait «que tous les faits soient établis» avant de prendre une quelconque décision.
Le président du Conseil européen, Charles Michel a apporté son soutien à la Pologne et s’est dit «très choqué», puis a proposé une «réunion de coordination» ce mercredi avec les dirigeants des pays de l’Union européenne présents au sommet du G20 à Bali.
Andrzej Duda, le président polonais, s’est également entretenu dans la soirée de mardi avec le président américain Joe Biden, ce dernier ayant a par ailleurs jugé «improbable» que le missile ait été lancé depuis la Russie. Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est également entretenu avec Andrzej Duda, et Emmanuel Macron a pu avoir au téléphone le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki. L'Élysée a toutefois appelé à la «plus grande prudence» concernant l'origine du missile.
Je me suis entretenu avec le Premier ministre Mateusz Morawiecki pour lui dire notre solidarité. La Pologne peut compter sur le soutien de la France et notre disponibilité pour appuyer les enquêtes en cours.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 15, 2022
Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, a également apporté son soutien à la Pologne, tout comme la Finlande, la Lituanie, la Lettonie ou encore l'Estonie.
QuE DIT la Russie ?
Peu après la diffusion de la chute de ce missile par les médias polonais, Moscou a qualifié ces informations de «provocations». «Les déclarations de médias polonais et de responsables officiels sur une prétendue chute de missiles russes près de la localité de Przewodow relève de la provocation intentionnelle dans le but de créer une escalade de la situation», a notamment déclaré le ministère russe de la Défense sur le réseau social Telegram.
«Aucune frappe n'a été menée sur des objectifs proches de la frontière ukraino-polonaise» par l'armée russe, a affirmé le ministère. Les images de «débris publiés par les médias polonais depuis les lieux des faits dans la localité de Przewodow n'ont aucun rapport» avec des projectiles russes, a-t-il ajouté.