La «vague rouge» des Républicains au Congrès n’a pas eu lieu, bien que les Démocrates aient été affaiblis lors de ces élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Les Américains ont donné la victoire à plusieurs défenseurs du droit à l’avortement, révoqué depuis six mois par la Cour Suprême.
C’était l’un des appels du président Joe Biden à l’approche des élections de mi-mandat : donner la victoire aux Démocrates au Congrès, c’était leur donner l’opportunité de rétablir le droit à l’avortement, révoqué par la Cour Suprême des Etats-Unis (à majorité républicaine) en juin dernier.
Si le contrôle de la Chambre des Représentants penche davantage du côté des Républicains, celui du Sénat est encore incertain. Certains Etats ont également profité de la date du 8 novembre pour interroger leurs habitants sur des questions de société, et notamment sur le droit à l’avortement, avec des référendums organisés sur les propositions de loi pour étendre ou contraindre le droit à l’IVG.
En effet, mardi, les électeurs du Michigan ont voté en faveur de l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution de l’Etat, avec 55,7% des voix. Cette proposition amende donc le texte, pour établir un «droit individuel à la liberté de reproduction, y compris le droit de prendre et de mener à bien toutes les décisions relatives à la grossesse».
Le Michigan avait adopté une loi anti-avortement en 1931, interdisant les IVG même en cas de viol ou d’inceste, sauf pour préserver la vie de la femme. Une loi qui avait été invalidée par l’adoption de l’arrêt Roe v. Wade en 1973, qui garantissait le droit à l’avortement au niveau fédéral. Avec sa révocation en juin dernier par la Cour Suprême, la loi de 1931 aurait dû s’appliquer. Cependant, des associations avaient intenté une action en justice en avril dernier pour bloquer cette loi, anticipant la décision de la plus haute juridiction des Etats-Unis. Désormais, avec l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution du Michigan, Etat gouverné par une Démocrate, la loi de 1931 a très peu de chance d’être à nouveau appliquée.
Victoire dans le très conservateur kentucky
En Californie et dans le Vermont, deux autres Etats à majorité démocrate, les électeurs ont également voté ce mardi pour inscrire le droit à l’avortement dans les constitutions de leurs Etats, où les IVG sont toutefois déjà légales.
Un autre Etat, cette fois-ci plutôt conservateur et Républicain, a toutefois créé la surprise lors des Midterms. Il s’agit du Kentucky, qui a rejeté ce mardi une proposition de loi visant à restreindre encore un peu plus le droit à l’avortement. Les autorités ont en effet demandé aux électeurs leur position sur la proposition suivante : «Pour protéger la vie humaine, rien dans cette Constitution ne doit être interprété comme garantissant ou protégeant le droit à l'avortement ou soutenant le financement de l'avortement ?» La majorité des citoyens du Kentucky ont donc rejeté cette proposition. Ce revers n’annule cependant pas la législation en vigueur dans l’Etat, particulièrement restrictive.
Le Montana a également rejeté, selon CNN, une proposition visant à donner un statut juridique de «personne» aux embryons et aux fœtus, et a punir pénalement les établissements de santé qui ne viendraient pas en aide pour préserver la vie des fœtus. En août dernier déjà, le Kansas, Etat rural traditionnellement républicain, a rejeté un amendement constitutionnel qui aurait fragilisé le droit à interrompre une grossesse.
Des victoires «historiques» pour les défenseurs de l'avortement
Depuis la décision de la Cour suprême en juin, une quinzaine d'Etats ont totalement interdit les avortements et d'autres les ont fortement restreints. C’est pourquoi les défenseurs de l’IVG ont salué les victoires «historiques» lors de ces midterms, en particulier au Kentucky.
Yesterday was a good day for democracy and a good day for America.
Our democracy has been tested in recent years. But with their votes, the American people have spoken and proven once again:
Democracy is who we are.— Joe Biden (@JoeBiden) November 9, 2022
Les Américains ont «envoyé un message clair et sans ambiguïté sur le fait qu'ils veulent préserver notre démocratie et protéger le droit de choisir dans ce pays», a souligné le président Joe Biden, qui a salué «un bon jour pour la démocratie», au lendemain des élections de mi-mandat.
L'ancienne secrétaire d'Etat et candidate démocrate à la présidentielle américaine, Hillary Clinton, a également salué ces votes. «Il semblerait que les femmes apprécient d'avoir des droits humains et que nous allons aux urnes», a-t-elle tweeté.
It turns out women enjoy having human rights, and we vote.
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) November 9, 2022