L'ancien commandant d'un groupe rebelle au Liberia, Kunti Kamara, a été condamné à la prison à vie pour exactions et crimes contre l'humanité ce mercredi 2 novembre, par la Cour d'assises de Paris.
C'est la peine la plus lourde du droit français. Ce mercredi 2 novembre, Kunti Kamara a été condamné à la prison à vie par la Cour d'assises de Paris, pour des exactions et des crimes contre l'humanité commis durant la première guerre civile au Liberia.
Ce procès inédit a permis de déterminer l'implication de l'homme de 47 ans dans une série «d'actes de tortures et de barbarie» contre des civils en 1993-1994, dont le supplice infligé à un enseignant dont il aurait mangé le cœur, la mise à mort d'une femme qualifiée de «sorcière» et des marches forcées imposées à la population.
L'ancien commandant du Mouvement uni de libération pour la démocratie (Ulimo) était également accusé d'avoir facilité des crimes contre l'humanité par son indifférence devant les viols répétés commis sur deux adolescentes, par des soldats placés sous sa responsabilité, en 1994.
Un procès historique pour juger «l'Infinie cruauté"
Dans sa réquisition, l'avocate générale avait appelé la Cour d'assises de Paris à condamner Kunti Kamara à la prison à perpétuité. Il s'agit du premier procès consacré à des crimes contre l'humanité commis dans les années 1990, au Liberia.
Il avait été interpellé à Bobigny, en 2018, et certaines conditions notamment la «compétence universelle» de la France pour juger les crimes les plus graves, avaient justifié la tenue de ce procès historique dans l'Hexagone
À ce titre, la France peut juger un individu même si les crimes ont été commis hors du territoire.
Pendant plus de quatre heures, l'accusation avait décrit comment l'Ulimo régnait par la terreur au Liberia. Exécutions publiques, cœurs arrachés, distribution de viande humaine, intestins pour délimiter les checkpoints : Aurélie Belliot, l'avocate générale, avait détaillé «l'infinie cruauté» subie par les civils du village de Foya où officiait le «commandant Kundi».
«La vie n’était plus qu’une question de chance», avait résumé l'avocate générale, qui était notamment revenue sur la mise à mort d'un civil en 1993. Une «scène d'une absolue cruauté» à laquelle l'accusé aurait pris part en mangeant le coeur de la victime qui avait été arraché à coups de hache.
Quelque 250.000 personnes ont perdu la vie lors des deux gueres civiles du Liberia de 1989 à 1996 puis de 1999 à 2003. L'avocate de Kunti Kamara n'a pas souhaité faire de commentaire après l'énoncé du verdict.