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Élection présidentielle au Brésil : polémique autour de barrages filtrants retenant les électeurs

Vue d'un embouteillage sur le pont Rio-Niteroi à Rio de Janeiro, au Brésil, le 30 octobre 2022, lors du second tour de l'élection présidentielle. [MAURO PIMENTEL / AFP]

Alors que les Brésiliens sont invités à voter pour leur futur président ce dimanche 30 octobre, le Tribunal supérieur électoral a demandé la levée des barrages filtrants de la police fédérale qui ont retardé l’arrivée des électeurs aux bureaux de vote.

Le président du Tribunal supérieur électoral (TSE) du Brésil a annoncé dimanche la levée de barrages filtrants de la police routière fédérale (PRF) qui avaient «retardé l'arrivée des électeurs» aux bureaux de vote pour la présidentielle, tandis que la gauche criait au scandale.

«La levée de ces opérations a été décidée, pour éviter les retards d'électeurs» dans les bureaux, avait déclaré Alexandre de Moraes, président du TSE, en conférence de presse, un peu plus d'une heure avant la fermeture des bureaux de vote. 

Des dirigeants du Parti des Travailleurs (PT, gauche), ont relayé sur les réseaux sociaux de nombreuses vidéos d'autocars transportant des électeurs à l'arrêt, notamment dans les zones rurales du Nord-est, fief électoral de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).

«C’est inadmissible»

«C'est inadmissible ce qui se passe en ce moment dans le Nord-est», a déploré Lula, favori des sondages, sur son compte Telegram.

Mais le juge Moraes a précisé qu' «aucun autocar n'avait dû rebrousser chemin» et que «tous les électeurs ont pu rejoindre les bureaux de vote». 

«Il n'y a pas eu d'atteinte au droit de vote», a-t-il insisté, citant uniquement les «retards» comme seul «préjudice éventuel».

La présidente du PT, Gleisi Hoffmann, a dénoncé sur Twitter «une opération criminelle de la PRF» et a demandé «une prolongation de l'ouverture des bureaux de vote» dans les zones affectées par des barrages filtrants.

Plus tôt dans la journée, elle avait demandé l'arrestation du directeur de la PRF, Silvinei Vasques, qui avait publié dans une story sur Instagram une image sur laquelle il appelait à voter pour le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, adversaire de Lula au second tour, avant de la supprimer.

Pas moins de 500 barrages enregistrés

L'ONG Human Rights Watch a fait part dans un communiqué de sa «grande inquiétude» au sujet des «opérations de la PRF qui retarderaient ou empêcheraient l'accès d'électeurs aux bureaux de vote».

Selon le quotidien Folha de S. Paulo, plus de 500 barrages filtrants visant à contrôler des autocars ont été enregistrés à la mi-journée dans tout le pays, 70% de plus qu'au premier tour, le 2 octobre.

Nikolas Ferreira, bolsonariste élu récemment député avec le meilleur score de l'élection législative le 2 octobre, a pour sa part défendu la police routière : «la PRF arrête des autocars qui ont été affrétés. L'achat de votes est un crime électoral. Bravo à la PRF».  

L'abstention dans les régions les plus pauvres du pays est un facteur qui pourrait s'avérer décisif pour le résultat du second tour. De nombreuses villes avaient ainsi décidé de la gratuité des transports publics.

«Un coup d'Etat est en cours, avec l'utilisation de la PRF pour empêcher les populations pauvres de voter Lula», a tweeté le politologue Christian Lynch.

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