Selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), les émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l'énergie devraient atteindre un «point haut» dès 2025. Un pic atteint en raison de la «réorientation profonde» des marchés mondiaux de l'énergie causée par la guerre en Ukraine.
La guerre en Ukraine, bonne pour le climat ? C'est en tout cas ce que suggère dans son rapport annuel publié jeudi l'Agence internationale de l'Energie (AIE). Les émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l'énergie devraient atteindre un «point haut» dès 2025, après la hausse des investissements dans les énergies durables provoquée par la «réorientation profonde» des marchés mondiaux de l'énergie, estime l'agence.
«La crise mondiale de l'énergie déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine cause des changements profonds et à long terme qui ont le potentiel d'accélérer la transition vers un système énergétique plus durable et sûr», souligne l'AIE dans son rapport.
Alors que certains pays cherchent actuellement à augmenter ou diversifier leur approvisionnement en pétrole ou gaz - énergies fossiles fortement émettrices de CO2 -, beaucoup sont en train d'étudier une accélération de leurs changements structurels vers des énergies propres. La «rupture» de l'Europe avec le gaz russe est arrivée avec une vitesse «que peu de personnes pensaient possible», remarque l'AIE.
Un pic en 2025
Alors que la Russie «ne parvient pas» à rediriger vers d'autres pays ses flux de gaz qui allaient auparavant vers l'Europe, ses niveaux d'exportation de gaz et de pétrole russe ne vont jamais revenir au niveau où ils étaient en 2021, selon le rapport.
Comme chaque année, l'Agence dessine trois scénarios pour analyser l'évolution énergétique de la planète. Pour la première fois, les trois scénarios étudiés identifient un pic ou un plateau de consommation de chacune des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole).
Dans le scénario central, qui se base sur les engagements déjà annoncés des gouvernements en matière d'investissements climatiques, les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie plafonneraient ainsi à 37 milliards de tonnes en 2025, puis descendraient à 32 milliards de tonnes en 2050.
des efforts insuffisants ?
Pourtant, malgré ces efforts, les températures moyennes mondiales pourraient augmenter d'environ 2,5 °C d'ici à 2100, ce qui est «loin d'être suffisant pour éviter des conséquences climatiques sévères».
L'Agence souligne une fois de plus le besoin d'investissements massifs dans les énergies propres, qu'elles soient vertes ou simplement décarbonées comme le nucléaire, et d'accélération dans certains domaines comme les batteries électriques (pour les voitures), le photovoltaïque, et les électrolyseurs qui produiront l'hydrogène destiné à décarboner l'industrie notamment.
Dans son scénario central, ces investissements doivent être supérieurs à 2.000 milliards de dollars d'ici à 2030, et ils devraient monter à 4.000 milliards de dollars pour remplir les conditions du scénario prévoyant zéro émission nette en 2050.
A quelques jours de la COP27 en Egypte, l'AIE pose enfin la question des inégalités entre les pays face au réchauffement climatique. «Des efforts internationaux majeurs sont demandés pour combler le fossé inquiétant qui se creuse entre les économies avancées et celles des pays émergents ou en développement» en matière d'investissement dans les énergies propres, souligne le rapport.