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Etats-Unis : à un mois des Midterms, les démocrates gardent espoir

Joe Biden arrive aux Midterms avec un bilan déjà bien fourni.[DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP]

Exercice toujours périlleux pour le parti au pouvoir, les Midterms se déroulent dans un mois aux Etats-Unis. Après un long passage à vide, les démocrates de Joe Biden ont repris espoir cet été et envisagent ces élections de mi-mandat avec davantage d'optimisme.

Inflation record, droits des femmes attaqués, machine législative à l'arrêt, interrogations sur l'état de santé de Joe Biden... Il y a encore quelques mois, tout destinait le camp démocrate à subir une déconvenue aux Midterms, les élections législatives prévues le 8 novembre aux Etats-Unis.

Or selon le site spécialisé 538, les républicains ne devraient remporter la Chambre des Représentants que d'une courte tête, tandis que le Sénat (renouvelé pour un tiers seulement) devrait rester aux mains des démocrates.

C'est au courant de l'été que la situation semble s'être inversée. Le taux de popularité de Joe Biden, en constante baisse depuis le début de son mandat, est passé de 38% en juillet à 42% à la rentrée. Le président américain a su profiter d'une amélioration de l'économie américaine marquée par une baisse du prix du baril et un tassement de l'inflation.

les démocrates hyperactifs au congrès

Mais cette embellie sondagière est aussi à mettre sur le compte d'une forte activité législative au Congrès. Effacement partiel des dettes étudiantes, plan climat, indemnisation des soins de santé des anciens combattants... Les démocrates ont fait feu de tout bois cet été et mis fin à une longue période de blocage parlementaire.

Projet phare du début de mandat, le grand plan socio-environnemental «Build Back Better» était jusqu'à présent bloqué au Sénat par le trouble-fête Joe Manchin, un démocrate modéré devenu le caillou dans la chaussure de Joe Biden. Rebaptisée «Inflation Reduction Act», la loi a finalement été adoptée à la mi-août en version allégée. «Joe Biden, en fin connaisseur des arcanes du Sénat, était parti de très haut pour pouvoir mieux négocier», décrypte Jean-Eric Branaa, maître de conférence à Paris 2 Panthéon Assas et spécialiste de la politique américaine.

Le bilan de Joe Biden, plus que mitigé après un an de présidence, retrouve ainsi des couleurs. Si bien qu'à l'approche des Midterms, les républicains commencent à manquer d'arguments. «L'économie se porte mieux, la pandémie est terminée, l'abrogation de l'Obamacare n'est plus à l'ordre du jour... Ils ne leur restent plus grand chose pour construire un contre-récit, à part l'immigration», souligne le chercheur.

l'heure de vérité pour donald trump

En manque de repères, le «Grand Old Party» doit aussi gérer en interne les ambitions intactes de Donald Trump. Toujours présent en coulisse, l'ancien président a fait émerger une nouvelle génération de candidats qui ont brillé lors des primaires organisées dans les différents Etats.

«Ce sont des candidats extrêmistes, souvent novices en politique, qui sont comme Donald Trump convaincus que l'élection de 2020 leur a été volée», rappelle Jean-Eric Branaa. Parmi eux, l'ancien footballeur américain Herschel Walker, le chirurgien et animateur de télévision Mehmet Oz ou encore le jeune investisseur en capital-risque Blake Masters briguent un siège au Sénat.

Ces candidats fantasques, qui ont pu séduire l'électorat républicain le plus radical lors des primaires, pourraient devenir un handicap pour leur parti le 8 novembre. «Les modérés et les indépendants ne voteront jamais pour eux. Le parti républicain va se retrouver en difficulté dans des Etats où il est habituellement très fort : le Wisconsin, l'Ohio, la Pennsylvanie, la Géorgie, l'Arizona», prévient Jean-Eric Branaa.

l'IVG mobilisateur ?

Ces républicains MAGA (du nom du slogan de Donald Trump, «Make America Great Again»), qui ne représentent qu'un tiers des électeurs républicains à en croire de récents sondages, donnent également de bons arguments de campagne à Joe Biden.

Le président américain n'a pas hésité à parler de «semi-fascisme» pour qualifier leur idéologie. «Sa stratégie est de faire des Midterms un référendum anti-Trump. L'échec des candidats MAGA signerait de fait la disparition politique du trumpisme», soutient Jean-Eric Branaa.

Alors que les Midterms servent habituellement à jauger la popularité de la politique menée depuis deux ans, les démocrates ont choisi d'attaquer plutôt que de défendre. Ils ont d'ailleurs trouvé le talon d'achille de leur adversaire : l'IVG.

Rejetée par 57% des Américains, la décision de la Cour suprême d'abroger le droit fédéral à l'avortement pourrait devenir un boulet pour les candidats conservateurs. Certains, comme Blake Masters en Arizona, ont d'ailleurs préféré gommer de leur profession de foi leur opinion sur le sujet...

«Le rôle joué par l'IVG dans le scrutin est incertain. La question est surtout de savoir si ça va inciter les gens, notamment les femmes, à aller voter. Si oui, il y a de fortes chances que ça soit pour prendre un bulletin démocrate», juge Jean-Eric Branaa. De quoi faire basculer le vote ? Réponse dans un mois.

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