Un soldat russe qui a pris part à la guerre en Ukraine a demandé ce lundi l'asile auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) après avoir déserté l'armée de son pays. Il raconte son histoire dans une lettre mise en ligne sur les réseaux sociaux.
Il a brisé la loi du silence et s'est enfui de Russie. Pavel Filatiev, un militaire qui a combattu deux mois en Ukraine avant de dénoncer l'offensive du Kremlin dans un long récit publié sur internet, a demandé l'asile politique en France.
ARRIVÉ DIMANCHE À ROISSY
Agé de 34 ans, le soldat est arrivé dimanche à Roissy via la Tunisie et a rencontré des agents de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) lundi.
Dans une vidéo postée sur Youtube quelques heures après son arrivée sur le territoire français, on peut voir l'ancien parachutiste de l'armée russe apparaître face à un miroir en train de déchirer son passeport ainsi que sa carte de militaire.
«J’aime la Russie et j’aime les Russes, mais Vladimir Poutine n’est pas la Russie», lance-t-il avant de livrer un bouleversant témoignage sur la guerre.
«ZOV»
Son récit, il a décidé de le publier lorsqu'il s'est senti menacé. Après avoir tenté de démissionner pour des raisons de santé, sa hiérarchie lui a demandé de retourner au front, et l'a menacé d'ouvrir une enquête à son encontre s'il ne le faisait pas. Il a finalement réussi à fuir, mais a dû errer de ville en ville afin d'éviter d'être repéré.
Intitulé «ZOV» -qui signifie «appel» en russe et rappelle dans le même temps les lettres peintes sur les blindés russes en Ukraine-, son récit dénonce l'offensive lancée le 24 février, qu'il considère comme immorale : «nous n'avions pas le droit moral d'attaquer un autre pays, qui plus est le peuple qui nous est le plus proche», s'indigne-t-il dans sa lettre.
Début août, il a quitté le pays et compris qu'il était le moment de partir : «quand j'ai appris que le commandement demandait à ce que je sois condamné à quinze ans de prison pour informations mensongères (contre l'armée russe, ndlr), j'ai compris que je n'arriverais à rien ici et que mes avocats ne pourraient rien pour moi en Russie».
Désormais en France, le soldat assure que s'il obtient le statut de réfugié, il dit vouloir agir «pour faire en sorte que cette guerre se termine». «Je veux que le moins possible de jeunes hommes russes y aillent et soient mêlés à cela, qu'ils sachent ce qui se passe là-bas».
Mais pas que. Pavel va également tenter de faire éditer son mémoire de guerre et promet de reverser les droits à des associations civiles ukrainiennes. Une manière, pour le soldat russe, de faire un geste de réconciliation en direction de l'Ukraine.