Le Commandement militaire irakien a décrété lundi la mise en place d’un couvre-feu dans l’ensemble du pays à compter de 19h (heure locale). Une décision qui intervient après que des tirs à balles réelles ont résonné dans la Zone Verte de Bagdad, tuant au moins deux partisans du leader chiite Moqtada Sadr.
La capitale irakienne sous très haute tension. Des tirs à balles réelles ont résonné ce lundi dans la Zone Verte de Bagdad où des centaines de partisans de Moqtada Sadr ont envahi le siège du Conseil des ministres après que le leader chiite a annoncé son «retrait définitif» de la politique. Une situation qui a entraîné la mise en place d’un couvre-feu à compter de ce soir 19h.
Des témoins ont affirmé que les responsables des tirs étaient des partisans du Cadre de coordination, rival pro-Iran des sadristes, alors que l'Irak, dans l'impasse politique depuis les législatives d'octobre 2021, s'enfonce dans la crise. En outre, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les sadristes aux entrées de la Zone Verte, a affirmé une source de sécurité.
La situation a brutalement dégénéré dans la capitale après l'annonce surprise de leur leader, l'un des plus importants acteurs de la politique irakienne, mettant dans les rues des centaines de sadristes qui ont envahi le palais de la République où siège le Conseil des ministres.
Alors qu'ils investissaient les bureaux, s'installant dans des fauteuils, sautant dans la piscine ou prenant des selfies, les forces de l'ordre sont intervenues, tirant des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants aux entrées de la Zone Verte.
Un bilan provisoire communiqué par des sources médicales fait état de deux morts parmi les partisans de Moqtada Sadr et 22 autres blessés.
Le retrait de Moqtada Sadr met le feu aux poudres
Face à l'ampleur de la situation, le couvre-feu a été décrété par l'armée dès 12h30 (GMT) dans Bagdad puis dès 16 heures (GMT, 19h locale) dans le reste du pays. Pour disperser les manifestants, les forces de l'ordre ont également mis en place un quadrillage de la ville.
Le départ surprise de Moqtada Sadr a mis le feu aux poudres alors que la situation en cessait de s'envenimer face à l'impasse politique que vit le pays depuis près d'un an.
Le courant du leader chiite était arrivé premier aux législatives avec 73 sièges (sur 329). Mais, incapable de former une majorité dans l'hémicycle, Moqtada Sadr avait fait démissionner ses députés en juin. Il réclamait depuis la dissolution du Parlement et la tenue de nouvelles législatives anticipées pour sortir le pays de l'impasse.
Cependant, si Moqtada Sadr annoncé un «retrait définitif», Hamzeh Hadad, chercheur invité au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), estime que son annonce «n'est pas très claire». «Dans la tradition sadriste, on peut s'attendre à ce qu'il fasse marche arrière», a-t-il précidé. Mais,«et c'est plus terrifiant, on peut penser qu'il donne à ses partisans le feu vert pour faire ce qu'ils veulent, en disant qu'il ne répond plus de leurs actions».