En Floride, la justice a refusé la demande d'avortement d'une jeune fille de 16 ans sous prétexte qu'elle n'était «pas assez mature». La décision a provoqué un tollé.
Indignées, plusieurs élues américaines ont dénoncé, ce mercredi, une véritable «guerre faite aux femmes». Elles réagissaient alors à une décision de la cour d'appel de Floride, statuant qu'une adolescente de 16 ans, dont les parents sont décédés, n'était «pas assez mature» pour avorter.
«Dans quel monde une personne de 16 ans est trop immature pour se faire avorter mais assez mature pour porter et élever un enfant ?», s'est interrogée l'élue démocrate de l'Ohio, Joyce Beatty, sur Twitter. Une prise de position soutenue par plusieurs de ses collègues, à l'image de Bonnie Watson Coleman, du New Jersey et Katherine Clark, du Massachussets.
In what world is a 16 year old too immature to receive an abortion but mature enough to commit to carrying and raising a child?
MAGA-Republicans haven't wasted any time weaponizing the loss of Roe against women and girls everywhere.
https://t.co/Dv7V9BAv5C— Rep. Joyce Beatty (@RepBeatty) August 17, 2022
Même en Floride, l'absurdité de cette décision de la cour d'appel est soulignée. Décrivant «un exemple dangereux et terrifiant de la guerre faite aux femmes par la Floride», Lois Frankel, élue démocrate de cet Etat du sud-est des Etats-Unis, a jugé cette situation «inacceptable» et lancé un appel à «combattre pour la santé, la sécurité et la liberté des femmes».
Ce jugement concerne une adolescente de 16 ans surnommée «Jane Doe 22-B». Elle a formulé une demande d'IVG lorsqu'elle était enceinte de 10 semaines, sachant qu'en Floride l'avortement est encore légal jusqu'à la 15e semaine après les dernières règles.
La législation de l'Etat stipule également que, pour pouvoir avorter, une mineure doit impérativement obtenir le consentement d'au moins l'un de ses parents. Une condition que Jane Doe 22-B ne pouvait pas remplir puisque sa mère et son père sont tous deux décédés.
Un appel au boycott sur les réseaux sociaux
Sa requête a dans un premier temps été traitée par la juge Jennifer Frydrychowicz, du comté d'Escambia, qui a refusé sa demande d'IVG. Une décision donc confirmée par la cour d'appel, qui a estimé lundi que la jeune femme n'était pas parvenue à prouver «qu'elle était assez mature pour décider de mettre un terme à sa grossesse».
Sur les réseaux sociaux, un hashtag appelant à boycotter la Floride a émergé, traduisant la colère des internautes face à ce dénouement. La question du droit à l'avortement est actuellement sensible aux Etats-Unis en raison de la révocation de l'arrêt «Roe v. Wade» par la Cour suprême américaine, en juin.
Instauré en 1973, ce dernier garantissait le droit fédéral à l'avortement et son annulation laisse donc chaque Etat légiférer librement sur la question. Une dizaine d'entre eux, dont la Floride ne fait pas partie, en ont déjà profité pour bannir l'IVG, la plupart du temps sans exception en cas d'inceste, de viol ou de danger pour la santé de la mère. A terme, les associations de défense des droits des femmes craignent que près de la moitié des Etats ne soient concernés.