L’inculpation de 49 militaires ivoiriens par le Mali est dénoncée par la Côte d’Ivoire, qui affirme que ses soldats étaient en mission pour l’ONU.
La justice malienne a confirmé officiellement lundi que les 49 militaires ivoiriens détenus depuis plus d'un mois et accusés par les militaires au pouvoir au Mali d’être des «mercenaires», ce que nie Abidjan, ont été inculpés, notamment pour «tentative d'atteinte à la sûreté de l’Etat», et écroués.
«Il a été procédé les 10, 11 et 12 août à leur inculpation et à leur placement sous mandat de dépôt» pour des faits de «crimes d'association de malfaiteurs, d'attentat et complot contre le gouvernement, d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat, de détention, port et transport d'armes de guerre et de complicité de ces crimes», a indiqué le procureur Samba Sissoko dans un communiqué.
Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l'ONU, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération.
Le Togo comme médiateur
La négociation semblait pour l'instant la voie privilégiée pour obtenir la libération de ces 49 soldats arrêtés le 10 juillet à leur arrivée à l'aéroport de Bamako.
«La Côte d'Ivoire attend que la médiation sollicitée par le Mali nous fasse un retour pour aviser», a indiqué à Abidjan une source proche de l'armée ivoirienne sous couvert d'anonymat. Il ne faut pas «se fier aux effets d’annonce, plusieurs médiations sont en cours, attendons qu’elles nous fassent connaître les résultats obtenus», a-t-elle ajouté.
Le Togo joue le rôle de médiateur entre la Côte d'Ivoire et le Mali, mais de premières négociations, le 28 juillet à Lomé, n'ont pas permis d'enregistrer de progrès.
Président en exercice de l'Union africaine (UA), le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall devait évoquer la situation des prisonniers ivoiriens lors d'une rencontre lundi à Bamako avec le chef de la junte militaire au pouvoir au Mali, le colonel Assime Goïta.
Le président du Haut conseil islamique du Mali, Chérif Madani Haïdara, et l'archevêque de Bamako, Jean Zerbo, sont aussi intervenus auprès de la junte en vue d'un règlement à l'amiable, ainsi que l'influent chef religieux de Nioro (sud-ouest du Mali), Chérif Bouyé Haïdara, selon leurs entourages.
Cette affaire illustre les tensions entre le Mali et la Côte d’Ivoire, accusée par Bamako d’avoir incité ses partenaires ouest-africains à durcir les sanctions contre les militaires maliens auteurs de deux coups d’Etat depuis 2020, sanctions finalement levées début juillet.