Dans une déclaration publiée ce mercredi 27 juillet au nom des Ving-Sept par le chef de la diplomatie Josep Borrell, l’Union européenne a réagi au référendum constitutionnel en Tunisie qui a été marqué par une faible participation. Elle a appelé les autorités tunisiennes à «préserver» les libertés fondamentales dans le pays.
Une démocratie fragilisée. Lundi 25 juillet, les Tunisiens se sont rendus aux urnes pour se prononcer sur le référendum constitutionnel qui accorde un large pouvoir au président de la République Kaïs Saied mettant en péril la démocratie dans le pays.
Le lendemain, l’Instance Supérieur Indépendante des Élections en Tunisie (ISIE) a délivré les résultats officiels préliminaires de cette journée électorale. En effet, seulement 2,75 millions de Tunisiens se sont rendus dans les bureaux de vote sur les 9,6 millions inscrits, soit un taux de participation ne dépassant pas les 30 %, avec 94 % de votants en faveur de la nouvelle Constitution.
Si les résultats annoncés par l’Isie mardi soir satisfont d’ores et déjà la majorité des personnes qui ont voté, le taux de participation inquiète toutefois l’Union européenne.
Dans une déclaration publiée ce mercredi 27 juillet, le Haut Représentant au nom de l’Union européenne, Josep Borell, a dit avoir «pris note» des résultats provisoires du référendum constitutionnel.
Néanmoins, il a insisté sur la nécessité d’un «large consensus par les différentes forces politiques, y compris les partis politiques et la société civile» car cela est «essentiel pour la réussite d’un processus qui préserve les acquis démocratiques et nécessaire pour toutes les réformes politiques et économiques importantes qu’entreprendra la Tunisie», a estimé Josep Borell. «La légitimité et la durabilité de ces réformes en dépendra», a-t-il ajouté.
Des libertés menacées ?
Par ailleurs, l’Union européenne a considéré que les élections législatives, prévues le 17 décembre prochain grâce à cette nouvelle Constitution, «devront ainsi être l’occasion de favoriser un véritable échange dans le cadre d’un dialogue national inclusif».
«L’élection du parlement formera la pierre angulaire du retour du pays à un fonctionnement régulier des institutions, dans le plein respect des principes démocratiques, en particulier la séparation des pouvoirs, la consolidation de l’Etat de droit, le pluralisme ainsi que le respect des droits humains et des libertés fondamentales», peut-on lire dans la déclaration.
«A cet égard, la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté de manifestation ainsi que les autres libertés fondamentales sont des valeurs essentielles des États démocratiques, auxquelles l’Union européenne tient tout particulièrement et qui doivent être préservées», ajoute-t-on.
Pour rappel, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a rappelé à son homologue tunisien Othman Jerandi «l’importance que la France accorde à la préservation des acquis démocratiques de la révolution de 2011 et à la garantie des droits fondamentaux et des libertés individuelles».
De leur côté, les États-Unis ont également mis en garde le président tunisien Kaïs Saied contre le risque que la nouvelle Constitution ne garantisse pas suffisamment les droits et libertés dans le pays.
«Les inquiétudes de beaucoup de Tunisiens concernent l’absence d’un processus inclusif et transparent, ainsi que d’un véritable débat public durant la rédaction de la nouvelle Constitution. Nous savons aussi que des inquiétudes concernent les contrepoids affaiblis dans la nouvelle Constitution, ce qui compromet la protection des droits de l’Homme et des libertés fondamentales», a affirmé, pour sa part, Ned Price, porte-parole du département d’État américain sur France 24.