Alors que la Russie ferme peu à peu le robinet du gaz, la Commission européenne a proposé ce mercredi un plan d'urgence pour permettre aux pays européens de passer l'hiver. Le texte doit maintenant être discuté par les 27 Etats membres.
Réduire de 15% la demande de gaz
Pour pouvoir se passer de gaz russe d'ici l'hiver prochain, la Commission européenne propose un plan qui prévoit que chaque pays devra «faire tout son possible» pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation de gaz d'au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période. Les Etats devront détailler d'ici fin septembre leur feuille de route pour y parvenir.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a estimé possible de réduire la consommation annuelle de l'UE de l'ordre de 45 milliards de m3 de gaz. A titre de comparaison, la Russie avait fourni en 2020 quelque 153 milliards de m3 aux Européens.
limiter le chauffage et la climatisation dans les secteurs public et privé
Bruxelles demande aux Etats d'adopter des mesures contraignantes pour limiter le chauffage et la climatisation dans les bâtiments publics et commerciaux, «là où c'est techniquement faisable». Quelque 11 milliards de m3 de gaz pourraient ainsi être économisés.
Pour les industriels, le texte rappelle l'existence de solutions alternatives (passage à la biomasse ou au biométhane, électrification de certaines machines...) et propose d'établir «des systèmes d'enchères» qui offriraient aux entreprises des «compensations» en échange d'une réduction de consommation.
baisser le thermostat dans les foyers
Bruxelles encourage le recours aux sources alternatives pour le chauffage urbain, aux pompes à chaleur chez les particuliers, et recommande des campagnes de communication pour inciter les ménages à baisser le thermostat d'un degré cet hiver. Cette simple mesure permettrait d'économiser «jusqu'à 10 milliards de m3 de gaz par an» selon la Commission.
A noter que les clients dit «protégés» (ménages, services sociaux, hôpitaux, PME...) représentent moins de 37% de la consommation totale de gaz.
privilégier le renouvelable quand c'est possible
«La priorité doit être donnée aux énergies renouvelables, mais le passage au charbon, au pétrole ou au nucléaire peut être nécessaire à titre temporaire», reconnaît Bruxelles. La Commission demande aux pays désireux de renoncer à l'atome civil de reporter leurs projets de fermeture de centrales nucléaires.
mettre en place un MÉCANISME D'ALERTE
En cas de «risque substantiel de grave pénurie ou de demande exceptionnellement élevée», et si les efforts volontaires ne suffisaient pas, Bruxelles voudrait pouvoir activer un mécanisme d'alerte. Il permettrait, après consultation des Etats, de fixer des «objectifs contraignants de réduction de la demande» pour les Vingt-Sept.
L'exécutif européen avait déjà présenté au printemps une stratégie pour s'affranchir des hydrocarbures russes, en imposant aux Etats un remplissage minimal des réserves de gaz (80%), en diversifiant les fournisseurs et en développant les énergies renouvelables.