Le Bangladesh a annulé l'autorisation d'exercer de la principale ONG de défense des droits de l'Homme du pays, Odhikar, l'accusant d'en ternir l'image.
L'ONG Odhikar qui documente les violations des droits de l'Homme au Bangladesh depuis 1994, dont des milliers d'exécutions extrajudiciaires par les forces de sécurité ainsi que des disparitions forcées imputées à une unité d'élite de la police, le Bataillon d'Action Rapide (RAB) s’est vu retirer son autorisation d’exercer par le gouvernement du Bangladesh.
Les Etats-Unis ont imposé en décembre des sanctions à l'encontre du RAB et de sept de ses officiers supérieurs, dont le chef de la police nationale.
«Les activités de l'organisation ne sont pas satisfaisantes», justifie l'administration estimant que l'ONG avait publié «des informations trompeuses sur plusieurs exécutions extrajudiciaires, dont des disparitions et meurtres présumés». Cela a entraîné «des problèmes pour le Bangladesh (...) et sérieusement terni l'image de l'Etat».
«Cela signifie que notre enregistrement a été annulé», a déclaré à l'AFP le responsable de l'organisation, Adilur Rahman Khan, qui entend engager un recours juridique contre cette décision.
L’ONG Odhikar était dans le viseur du gouvernement
«Odhikar est la cible d'attaques depuis des années et l'annulation arbitraire de son enregistrement est la dernière tentative en date pour la faire taire», a-t-il encore commenté, ajoutant : «Documenter les violations des droits de l'Homme n'est pas un crime».
Nur Khan Liton, ancien chef d'une autre importante organisation de défense des droits de l'Homme du Bangladesh, a condamné cette décision, y voyant le «reflet de la politique autocratique du gouvernement».
Pour le responsable en Asie du Sud d'Amnesty International, Saad Hammadi, la décision de Dacca concernant Odhikar «montre clairement la colère du gouvernement quant à la crédibilité dont jouit l'organisation de défense des droits de l'Homme au niveau international».