La haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a atterri lundi en Chine quelques jours avant de se rendre dans la province du Xinjiang, région où serait supposément détenus 1 million de Chinois appartenant à la minorité musulmane des Ouïghours, dans le but d’enquêter sur des soupçons de détentions illégales et de maltraitances sur cette minorité.
Critiquée de toute part, notamment par la Maison Blanche, pour son «silence persistant» au sujet de ce que les Etats-Unis qualifient de «génocide» des Ouïghours, Michelle Bachelet, haute-commissaire des droits de l'Homme à l'ONU, entame cette semaine un déplacement en Chine. Déplacement pendant lequel elle effectuera une visite dans la province du Xinjiang, au nord-ouest du pays, plus précisément dans les villes de Kashgar et d’Urumqi, qui sont les deux principales villes de cette région.
Pour le HCDH, le but premier de cette visite, qui est une première depuis 2005, est de «se focaliser sur un dialogue avec les autorités chinoises, avec un éventail de questions sur les droits de l'homme domestiques, régionaux et mondiaux».
Alors que plusieurs parlements (Canada, USA, France, Royaume-Uni,…) ont désormais voté des résolutions reconnaissant le génocide de la minorité chinoise, le silence de Michelle Bachelet a été vivement critiqué par la communauté internationale. Cette visite est, de l’avis de beaucoup d’acteurs et d’observateurs internationaux, cruciale, tant pour la crédibilité de ce segment de l’ONU consacré aux droits de l’Homme que pour celle de Mme Bachelet elle-même, qui «joue» la poursuite de son mandat (qui s’achève le 1er septembre prochain) sur cette visite.
La crainte d’une obstruction chinoise à l’enquête
Alors même que selon le gouvernement chinois, c’est ce dernier qui a invité Mme Bachelet à venir constater par elle-même la véracité ou non de ce qui est reproché au gouvernement, les Etats-Unis, par la voix du porte-parole du département d’Etat américain ont affirmé que les Etats-Unis étaient «très inquiets» quant aux conditions dans lesquelles se déroulera cette visite, déclarant : «Nous ne pensons pas que la Chine lui garantisse l’accès nécessaire pour accomplir une évaluation complète et non manipulée de la question des droits de l’homme au Xinjiang.»
Pendant ce voyage l’ex-présidente du Chili va s’entretenir avec des responsables chinois, des personnages-clés du monde des affaires et des diplomates. Cependant, à cause de la politique «zéro covid» de la Chine, la totalité de ces entretiens se déroulera par visio-conférence.
La minorité OuïghourE, persécutée depuis 4 ans
Depuis bientôt quatre années, des journalistes, des ONG et des acteurs de la vie politique et médiatique mondiale rapportent, preuves à l’appui, les conditions de vie de la minorité ouïghoure, dont beaucoup de membres sont internés de force dans des camps de travail, subissent des maltraitances qui se traduisent par des cas de torture, de stérilisations forcées, ou encore l’emploi, là encore forcé, de ces personnes dans l’industrie de la mode et de l’automobile.
Pour les autorités chinoises, ces camps ne seraient que des camps de rééducation, dont l’entrée serait volontaire et qui viseraient à lutter contre l’extrémisme religieux.