Un rapport publié ce 19 mai par l’ONG Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), a dévoilé des chiffres alarmants sur les migrations causées par les crises environnementale et climatique ainsi que par les conflits. En 2021, près de 60 millions de personnes ont ainsi été recensées.
L'équivalent de la population d'un pays comme l'Italie et le chiffre pourrait bien être pire à l'avenir. A travers un rapport établi par l'ONG Internal Displacement Monitoring Centre et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), celui-ci a démontré que les conflits mais aussi la crise climatique, sont à l’origine de migrations massives.
Les peuples sont forcés de quitter leurs foyers en raison des guerres qui n’ont pas cessé de s’intensifier au cours de ces dernières années. Le rapport a estimé «que 59,1 millions de personnes dans le monde, dont la moitié avait moins de 18 ans, vivaient en déplacement interne, dans 59 pays et territoires à la fin de l’année 2021».
Un chiffre qui ne cesse d’augmenter d’année en année, en raison principalement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En conférence de presse, Alexandra Bilak, la directrice de l’IDMC, a d’ailleurs déclaré que «l’année 2022 s’annonce sombre», comme l’a rapporté l’AFP.
Une situation qui n’a jamais été aussi mauvaise, selon le secrétaire général du NRC, Jan Egeland, qui a assuré que «le monde s’écroule». «Nous avons besoin que les dirigeants mondiaux opèrent un changement titanesque de leur mode de pensée pour éviter et régler les conflits, afin de mettre fin à cette montée en flèche de la souffrance humaine», a-t-il également fait remarquer.
Aucune perspective de retour
L’Afrique subsaharienne est le continent le plus touché par les déplacements internes massifs causés notamment par la violence des conflits. Le nombre de déplacements s’élève à 11,6 millions, ce qui représente 80 % du total enregistré sur le continent (14 millions). «Ce sont des pays qui ont connu de longues histoires de conflits, mais ce que ces chiffres montrent, c’est que les conflits sont loin d’avoir été résolus», a déclaré Alexandra Bilak.
Cette dernière a également expliqué que des nouvelles vagues de violence sont observées chaque année, dont certaines sont concentrées en Éthiopie et au Burkina Faso, mais aussi dans les régions centrales du Sahel. Ces pics de violence ont créé un nombre «incroyablement élevé de personnes déplacées», qui n’ont malheureusement aucune perspective de retour pour le moment.
A noter également que les violences ont aussi entraîné des déplacements en Afrique australe et centrale, surtout en République centrafricaine, République démocratique du Congo et au Mozambique. De plus, l’activité militaire étrangère est aussi l’un des facteurs qui influence les tendances de déplacements et de retour dans un certain nombre de pays.
En revanche, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont enregistré une baisse importante de leur nombre de déplacés puisqu’un million sont recensés pour 2021, tandis qu’on en comptait 2,1 millions l’année précédente. Une baisse qui s’explique par la «désescalade des conflits en Irak, en Libye et en Syrie». Toutefois, l’instabilité continue d’être présente dans ces pays et au Yémen la violence a augmenté, sans oublier les violences qui ont repris à Gaza provoquant la migration de 117.000 personnes.
Réchauffement climatique
Si les violences, les guerres et les conflits constituent les raisons pour lesquelles les personnes migrent, le réchauffement climatique reste la cause la plus importante parmi tous ces éléments. En effet, le dérèglement du climat ne cesse de favoriser la sécheresse, les inondations et de nombreuses autres catastrophes naturelles que l’on peut observer de manière quasiment régulière, dans le monde. Et bien évidemment, le résultat de ces changements, provoque une insécurité alimentaire.
Si les changements environnementaux ont provoqué plus de 2,8 millions déplacements internes en Afrique et au Moyen Orien, ce chiffre s’élève à 19 millions en Asie et dans le Pacifique. Alexandra Bilak a déploré une situation qui n’est pas près de se stabiliser.
Avec environ 25 millions de personnes déplacées de moins de 18 ans, l’IDMC, a appelé à des interventions plus ciblées pour protéger les enfants et les jeunes contre les dangers particuliers, auxquels ils sont directement confrontés.
«Les difficultés financières auxquelles les personnes déplacées ont tendance à être confrontées peuvent forcer les enfants à s’engager dans des activités dangereuses générant d’importants revenus, notamment la criminalité, le commerce du sexe, ou l’adhésion à des groupes armés», a averti l’ONG. Cette dernière a conclu «qu’il est essentiel de renforcer les systèmes de protection de l'enfance qui tiennent compte de ces risques».