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Guerre en Ukraine : qu’est-ce que la Transnistrie ?

Le poste-frontière de Varnita, entre la Moldavie et la Transnistrie. [Daniel MIHAILESCU / AFP]

Depuis plusieurs jours, le renseignement américain s'inquiète d'une extension de la guerre en Ukraine vers la Moldavie. La Transnistrie, une région séparatiste moldave, cristallise les tensions.

Une enclave séparatiste 

La Transnistrie est une bande de terre longue de 450 kilomètres et large d'une dizaine de kilomètres, située à la frontière avec l'Ukraine. Peuplée de 500.000 habitants, elle représente environ 10% de l'ancienne république soviétique de Moldavie.

En 1991, à la chute de l'empire soviétique, le territoire proclame son indépendance. Soutenue par l'armée russe, la Transnistrie sort victorieuse d'une brève et violente guerre civile qui fait plus de 2.000 morts entre mars et juillet 1992.

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      Crédit:Wikimedia Commons

République séparatiste autoproclamée, la Transnistrie n'est reconnue par aucun Etat, pas même la Russie. Le territoire est de facto indépendant car il possède sa propre capitale (Tiraspol), son gouvernement, son armée et sa monnaie.

Un territoire sous influence russe

En Transnistrie, les habitants vivent à l'heure de Moscou. «Le drapeau russe flotte sur tous les bâtiments officiels de Tiraspol (...) au côté de l’emblème local qui a conservé la faucille et le marteau. La langue roumaine, officielle en Moldavie, cède ici la place au russe», relate un journaliste du Monde en reportage dans la capitale de l'enclave.

En 2006, 97,1 % des habitants se prononcent en faveur d'un rattachement à la Russie lors d'un référendum. En mars 2014, au lendemain de l’annexion de la Crimée par la Russie, le gouvernement de Transnistrie déclare à nouveau vouloir rejoindre la Russie. Un scrutin et des déclarations qui n'ont pas été suivis d'effets.

La Transnistrie reçoit le soutien constant de Moscou, notamment pour le gaz, livré gratuitement. Sheriff, le principal conglomérat de l'enclave, est détenu par d'anciens membres des services de renseignement soviétique. Omniprésent, le groupe domine tous les secteurs économiques (énergie, médias, téléphonie, banque, BTP...) et possède le club de football local, le Sheriff Tiraspol.

L'influence russe en Transnistrie n'est pas qu'écononomique. Depuis la guerre civile de 1992, l'armée russe n'a jamais quitté la région. Le Groupe opérationnel des forces russes en Transnistrie, fort de 1.500 soldats, y stationne en permanence. 

Un regain de tensions

En pleine guerre en Ukraine, la position stratégique de la Transnistrie - Tiraspol n'est qu'à deux petites heures d'Odessa - inquiète les autorités moldaves. Le Kremlin pourrait notamment être tenté d'utiliser l'enclave comme base arrière pour l'invasion du sud de l'Ukraine, à l'image de la Biélorussie pour le Nord.

Fin avril, un centre radiophonique et le ministère de la Sécurité publique de la Transnistrie ont été la cible d'attaques à l'explosif et au lance-grenades. Attaque ukrainienne préventive ? Opération de Moscou pour justifier une intervention en Moldavie ? Les responsables n'ont pas été identifiés.

Quelques jours avant les explosions, le général russe Roustam Minnekaïev avait affirmé que la population russophone de Moldavie était «victime d'oppression», l'un des prétextes invoqués par le Kremlin pour intervenir en Ukraine afin de «défendre» la minorité russe.

En mars dernier, la Moldavie a déposé sa candidature pour adhérer à l'Union européenne. Un choix qui n'a pas dû plaire à Vladimir Poutine, soucieux de garder dans sa sphère d'influence les pays de l'ancien bloc soviétique.

Conscient des risques qui pèsent sur le pays, le président du Conseil européen Charles Michel a promis le 4 mai de «considérablement accroître» l'aide militaire apportée à la Moldavie.

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