En Equateur, les affrontements entre deux bandes rivales ont dégénéré en émeute dans une prison, faisant au moins 44 morts. Profitant du chaos, une centaine de détenus ont pu s’évader, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur.
Ces violences ont eu lieu dans la prison de Bellavista, dans la province de Santo Domingo de los Tsachilas, environ 80 km à l'ouest de Quito au nord de l'Equateur.
Selon le chef de la police équatorienne, «les assaillants ont agi avec une grande cruauté», tandis que les violences ont été suivies d'une évasion massive. Si les autorités n'ont donné aucun chiffre sur le nombre total d'évadés, 112 d'entre eux ont pu être «recapturés». Cependant, 108 étaient toujours «portés manquants» lundi après-midi, selon le chef de la police, le général Fausto Salinas.
Pour mettre fin à l’émeute et recapturer les fugitifs, «250 policiers, 200 militaires et des renforts supplémentaires sont en route», a détaillé le général Fausto Salinas. D'une capacité de 1.200 places, la prison de Bellavista accueille actuellement 1.700 prisonniers.
Une guerre de gangs très violente
«C'est le résultat regrettable de la violence des gangs», a déploré de son côté sur Twitter le président Guillermo Lasso, en tournée en Israël. Il a adressé ses «sincères condoléances aux familles» des personnes décédées.
Les affrontements entre membres de deux bandes rivales, les «Loups» et les «R7», ont éclaté vers 3h du matin, a indiqué le ministre, provoquant le déclenchement des «protocoles de sécurité» pour contenir les «troubles à l'ordre» dans la prison. «La majorité des victimes, si ce n'est presque 100%, ont été tuées avec des couteaux, et non avec des armes à feu», et «leurs cadavres mutilés laissés sur place».
«Ils ont été exécutés dans les salles communes, dans les cellules», puis «il y a eu une tentative d'évasion massive» avec usage d'armes à feu, a reconnu Patricio Carrillo, le ministre de l’Intérieur.
«Ceux qui sont autorisés à se déplacer entre les différents blocs au sein de la prison sont vraisemblablement ceux qui sont derrière ce massacre», a-t-il estimé, évoquant un «scénario identique à celui du 28 avril dans la prison d'El Turi, où des membres des Loups avaient déjà affronté des R7». Quelque 20 prisonniers y avaient trouvé la mort, là aussi la plupart mutilés à l'arme blanche.
La violence des prisons en Equateur
Les affrontements, souvent d'une extrême violence, sont récurrents dans les prisons équatoriennes, où près de 350 détenus ont trouvé la mort depuis février 2021.
Selon le gouvernement, des gangs rivaux de trafiquants de drogue, infiltrés ou contrôlés par des cartels mexicains, se livrent une guerre sans merci pour prendre le contrôle des prisons surpeuplées, guerre que les autorités ont été jusqu'à présent impuissantes à endiguer.
Mais Irene Salazar, une proche d'un détenu, a estimé que le gouvernement restait «les bras croisées» face à la violence carcérale. «Pourquoi le gouvernement ne fait rien ? Il négocie... négocie quoi ? Plus d'argent pour lui ! Et les pauvres qui meurent de faim», a déclaré à l'AFP la jeune femme.
L'évasion de nombreux prisonniers indique également qu'il s'agit «d'une prison de faible sécurité», et donc «extrêmement vulnérable». En 2021, l'Equateur a saisi un record de 210 tonnes de drogues, principalement de la cocaïne. Pour 2022, les saisies ont atteint à ce jour environ 70 tonnes.
Bordé par la Colombie et le Pérou, les plus grands producteurs de cocaïne au monde, l'Équateur sert de port de départ pour les expéditions illicites, principalement vers les États-Unis et l'Europe.