Alors que la Cour Suprême des Etats-Unis envisage de supprimer un arrêt qui garantit le droit à l’avortement au niveau fédéral, au Canada et au Mexique, des organismes se préparent à accueillir des patientes américaines pour des IVG.
L'avortement est légal au Canada depuis 1988, date à laquelle le plus haut tribunal du pays a annulé une loi qui le criminalisait. «Chaque femme au Canada a le droit à un avortement sûr et légal», avait tweeté le Premier ministre canadien Justin Trudeau la semaine dernière en réponse aux révélations du journal Politico sur le projet de la Cour Suprême américaine.
Karina Gould, la ministre canadienne de la Famille et du Développement social, a aussi indiqué que les femmes américaines seraient autorisées à venir avorter au Canada, comme c’est déjà le cas. Elle s’est cependant inquiétée des conséquences que cette annulation de l’arrêt Roe v. Wade pourraient également avoir sur les Canadiennes. «Il y a beaucoup de femmes canadiennes qui ne vivent peut-être pas près d'une grande ville au Canada, mais qui ont souvent accès à ces services aux Etats-Unis», a-t-elle souligné à la presse locale.
En effet, l’accès à l’avortement reste inégal au Canada, et est bien plus développé dans les grandes villes. Certaines femmes qui habitent dans des régions rurales proches de la frontière américaine avaient plus de facilité à se rendre aux Etats-Unis pour subir un IVG que dans une grande ville canadienne.
L'avortement en péril dans la moitié des États américains
Se rendre au Canada pour les Américaines engage cependant des frais importants. Elles doivent notamment payer 500 dollars canadiens (environ 380 dollars américains), selon The Guardian, pour avoir accès à un avortement chirurgical, sans compter le coût du transport.
Selon les projections de plusieurs organismes de défense du droit à l’avortement, 28 Etats américains pourraient supprimer ou restreindre ce droit si l’arrêt Roe v. Wade est annulé, notamment ceux du sud des Etats-Unis. Des Américaines qui vivent par exemple au Texas, où l'avortement est déjà très limité et pourrait être interdit, auraient la possibilité de se rendre au Mexique pour avorter.
Vero Cruz, coordinatrice de Las Libres, une association qui milite pour l’accès à l’avortement au Mexique, a affirmé au Guardian que les hôpitaux des villes frontalières se préparaient à un afflux d’Américaines. «Les femmes qui traversent le Mexique viennent à Monterrey, Tijuana et dans d'autres villes pour se faire avorter à l'aide de médicaments», a-t-elle expliqué.
Cependant, l’IVG n’est pratiquée que dans certains Etats mexicains, et cela reste une législation très nouvelle. Ce n’est qu’en septembre 2021 que la Cour suprême du pays a décidé de dépénaliser l’avortement. Jusqu’alors, les femmes qui mettaient un terme à leur grossesse encouraient jusqu’à trois ans de prison.