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Commémorations du 9-mai en Russie : «déclarer la guerre aurait été un aveu d'échec pour Vladimir Poutine», analyse Carole Grimaud Potter

Devant les militaires défilant sur la place Rouge de Moscou, Vladimir Poutine a prononcé un discours bref et sans triomphalisme. L'escalade guerrière que redoutaient les Occidentaux n'a pas eu lieu.

«Je m'adresse à nos forces armées : vous vous battez pour la patrie, pour son avenir», a déclaré Vladimir Poutine, face aux milliers de soldats défilant pour la commémoration de la victoire soviétique contre l'Allemagne nazie. 

Justifiant sa décision de lancer une «opération militaire spéciale» en Ukraine, le président russe a répété que les autorités ukrainiennes préparaient une attaque contre des séparatistes prorusses dans l'est du pays et voulaient se doter de la bombe atomique.

«Une menace absolument inacceptable se constituait, directement à nos frontières», a-t-il affirmé, accusant encore une fois son voisin de néonazisme et qualifiant son offensive de «riposte préventive» et de «seule bonne décision».

Pas d'escalade

Alors que les combats se poursuivent dans le Donbass et notamment à Marioupol, le chef du Kremlin a rendu hommage à son armée mais n'a fait preuve d'aucun triomphalisme. 

«Vladimir Poutine a fait le choix de la prudence car les victoires ne sont pas encore assez significatives», décrypte pour CNEWS.fr Carole Grimaud-Potter, spécialiste de la géopolitique de la Russie et enseignante à l'université de Montpellier.

Très attendue, cette prise de parole n'aura donc pas constitué de tournant dans la guerre en Ukraine. Le président russe n'a annoncé ni mobilisation générale, ni déclaration de guerre, ni brandi à nouveau la menace de l'arme nucléaire comme le redoutaient les Occidentaux.

«Cela aurait été un aveu d'échec pour Vladimir Poutine. Il a plutôt intérêt à montrer que l'opération spéciale qu'il a lancée le 24 février suffit à remplir ses objectifs», analyse Carole Grimaud-Potter.

La Russie, une nation agressée selon Poutine

Selon l'experte, Vladimir Poutine a même réussi à retourner à son avantage les inquiétudes occidentales. «Alors que les Occidentaux attendaient un discours belliqueux, Vladimir Poutine a décrit la Russie comme une nation agressée, qui se défend uniquement si elle est attaquée».

En évoquant l'aide apportée à l'Ukraine par les Etats-Unis et les Européens, Vladimir Poutine a aussi voulu démontrer que c'est bien l'Occident qui risque de faire basculer le monde dans «l'horreur d'une guerre globale», et non la Russie.

«Dans son discours, il a réussi à faire passer la Russie dans le camp du bien, le camp de l'apaisement», résume Carole Grimaud-Potter.

Des objectifs encore flous

Deux mois et demi après le début de l'offensive, les combats devraient donc se poursuivre dans l'Est de l'Ukraine, la Russie ayant dû revoir à la baisse son ambition de prendre le pays et Kiev, sa capitale.

L'objectif de «dénazifier» le pays, répété à plusieurs reprises par le Kremlin, pourrait être atteint avec la prise de Marioupol, une ville portuaire stratégique du Donbass où résiste encore le bataillon nationaliste Azov. Le même bataillon qui avait libéré la ville en 2014, quand l'armée russe annexait la Crimée.

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