Sa tête était mise à prix 5 millions de dollars par les Etats-Unis. «Otoniel», chef du clan del Golfo et plus grand narcotrafiquant de Colombie depuis Pablo Escobar, a été extradé ce mercredi 4 mai vers New York, où des poursuites pour trafic de drogue ont été engagées dès 2009.
A la tête d’une armée de 1.600 hommes, exportant chaque année près de 300 tonnes de cocaïne vers une trentaine de pays, le narcotrafiquant de 50 ans a été arrêté le 23 octobre dernier lors d’une opération militaire. Issu d’une famille paysanne du nord-ouest de la Colombie, il a pris les rênes du Clan del Golfo en 2012, après la mort de son frère Juan de Dios, surnommé «Giovanni», abattu par la police.
Quiero informar que fue extraditado Dairo Antonio Úsuga alias 'Otoniel'; el narcotraficante más peligroso del mundo, asesino de líderes sociales y policías, abusador de niños, niñas y adolescentes. Hoy triunfan la legalidad, el Estado de Derecho, la #FuerzaPública y la justicia. pic.twitter.com/K66UhJuWkE
— Iván Duque (@IvanDuque) May 4, 2022
«Je tiens à informer que Dairo Antonio Usuga, alias Otoniel, a été extradé (…) Il s'agit du trafiquant de drogue le plus dangereux du monde, du meurtrier de leaders sociaux et de policiers, d'un violeur d'enfants et d'adolescents. Aujourd'hui, la légalité, l'État de droit, la force publique et la justice triomphent», a détaillé le président colombien Ivan Duque lors d’une allocution diffusée sur Twitter.
Désireux de connaitre la vérité et d’obtenir des réparations, les proches des victimes du baron de la drogue avaient demandé une suspension de l’extradition afin de ne pas «soustraire à la justice un chef paramilitaire qui a commis des crimes contre l’humanité dans notre pays». Dans son message vidéo diffusé ce mercredi, le chef d’Etat colombien a assuré que «Otoniel» «reviendra en Colombie payer pour tous ses crimes commis dans notre pays» une fois sa peine accomplie aux Etats-Unis.
Une détention émaillée de polémiques
Placé sous haute surveillance à Bogota, le criminel a connu une détention émaillée d’incidents et de polémiques. Des enregistrements de ses témoignages devant la Commission de la vérité, instance enquêtant sur les violations des droits humains pendant le conflit armé en Colombie jusqu'à la signature de l'accord de paix de 2016, ont été volés par des inconnus. Une de ses auditions a également été interrompue en raison de soupçons d’une tentative d’évasion.
Lors de l’un de ses interrogatoires organisant sa reddition, «Otoniel» a assuré que l’armée colombienne travaillait main dans la main avec des paramilitaires d'extrême droite dans certaines régions du pays. Il a mis en cause 63 personnes en lien avec son organisation, dont un ancien ministre, un ancien directeur national des services de renseignements, quatre anciens membres du Parlement et six anciens gouverneurs.
Premier producteur mondial de cocaïne, la Colombie a frappé un grand coup avec l’arrestation du narcotrafiquant le plus emblématique depuis la chute de Pablo Escobar en 1993.