Après avoir été approuvée par le Parlement de l'Oklahoma, le 28 avril dernier, une loi interdisant l'avortement après six semaines de grossesse a été signée, mardi 3 mai, par le gouverneur.
Ce texte est l'un des plus restrictifs du pays en la matière, il prévoit des exceptions médicales à l'avortement, mais pas en cas de viol ou d'inceste. Sa signature intervient au moment ou la Cour suprême des Etats-Unis projette de revenir sur le droit à l'avortement au niveau fédéral.
Mais Kevin Stitt, le gouverneur, assume, indiquant même vouloir faire de l'Oklahoma «l'Etat le plus pro-vie» des Etats-Unis. «Je représente la totalité des quatre millions d'habitants de l'Oklahoma qui, de manière écrasante, veulent protéger les enfants à naître», a-t-il écrit sur Twitter.
Sachant que, le 28 avril dernier, quelques heures après le vote de cette loi à la chambre basse, le Sénat de l’Oklahoma a approuvé un autre texte interdisant cette fois-ci toute interruption volontaire de grossesse (IVG) quel que soit l’état d’avancement de la grossesse, mais comportant des exceptions en cas d’urgences médicales, de viol, ou d’inceste. Ce texte-ci va désormais faire la navette parlementaire vers la chambre basse.
Depuis quelques mois l'Oklahoma, Etat conservateur du sud du pays, accueillait des milliers de Texanes cherchant à avorter, après le passage d'un texte similaire dans leur propre Etat.
En septembre 2021, le Texas a en effet adopté une loi interdisant toute interruption volontaire de grossesse à partir du moment où un battement de coeur de l'embryon est perceptible à l'échographie, soit quatre semaines environ après fécondation.
Avec 30 millions d'habitants, le Texas est le deuxième Etat le plus peuplé du pays et cette loi a alors conduit les patientes vers les cliniques vite submergées des Etats voisins, dont l'Oklahoma, les contraignant, faute de place, à retarder inexorablement leur IVG.
Un bond de 50 ans en arrière
En dehors du Texas et de l'Oklahoma, plusieurs textes limitant également l'accès à l'IVG ont été votés dans d'autres Etats conservateurs, comme la Floride ou le Mississippi. La légalité du texte voté dans ce dernier est en examen à la Cour suprême des Etats-Unis, avec une décision attendue en juin.
Or, un document publié lundi soir par le journal Politico et authentifié par la Cour suprême montre que la plus haute juridiction envisage de remettre aux Etats le pouvoir d'autoriser ou non les IVG. Ce, près de 50 ans après les avoir rendues légales dans tout le pays, avec la jurisprudence «Roe v. Wade», qui stipule que le droit à l'avortement est valable tant que le foetus n'est pas viable, soit vers la fin du deuxième trimestre.
La Cour a précisé que le document ayant fuité ne constituait pas une décision définitive. Reste qu'en cas d'annulation de cette jurisprudence, le pays reviendra à la situation d'avant 1973, quand chaque Etat était libre d'interdire ou d'autoriser l'avortement.
Sachant que 26 Etats conservateurs, pour la plupart situés dans le centre et le sud du pays tels que le Wyoming, le Tennessee ou la Caroline du Sud, sont prêts à interdire purement et simplement l'avortement. Une perspective qui a fait l'effet d'une bombe à Washington et poussé le président, Joe Biden, a réaffirmer son soutien au droit à l'IVG.