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Guerre en Ukraine : deux mois après le début de l'invasion russe, où en est le conflit ?

Il y a deux mois jour pour jour, le 24 février 2022, Vladimir Poutine annonçait au cours d'un discours guerrier le lancement d'une «opération militaire spéciale» en Ukraine, ouvrant la voie à une invasion du pays.

Deux mois après le début de l'offensive, Moscou a annoncé, vendredi 22 avril, viser le contrôle total du sud de l'Ukraine et de la région du Donbass afin «d'assurer un couloir terrestre vers la Crimée» annexée par les Russes depuis 2014. «Le contrôle du Sud de l'Ukraine, c'est également un couloir vers la Transdniestrie, où on observe également des cas d'oppression de la population russophone», a affirmé le général russe Roustam Minnekaïev. Pour Volodymyr Zelensky, cela ne fait que «confirmer» que les Russes «veulent capturer d'autres pays». 

Etat des lieux d'un conflit que l'Europe et le monde suivent, en retenant leur souffle.

La situation sur le terrain

Au nord-est, les autorités ukrainiennes ont affirmé avoir repris trois villages proches de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine. Les forces russes poursuivent par ailleurs leur offensive dans les districts d'Izioum et de Barvinkove, visant à «prendre le contrôle du réseau ferré», selon Kiev. Elles tentent aussi d'encercler les positions fortifiées de l'armée ukrainienne dans la zone bordant les régions de Donetsk et Lougansk, qui forment le bassin du Donbass.

Dans la région de Donetsk, les troupes russes «concentrent leurs efforts» dans la zone entre Slaviansk-Kramatorsk», selon Oleksiï Arestovytch, conseiller de la présidence ukrainienne. Et dans celle de Lougansk, les troupes russes «continuent d'attaquer» les villes de Roubijné et de Severodonetsk, capitale de facto de la partie de cette région restée sous contrôle ukrainien, selon son gouverneur Serguiï Gaïdaï. Dans le sud du pays, autre cible des forces russes, celles-ci «essaient de poursuivre leur offensive sur la ville de Gouliaïpolie», à mi-chemin entre Zaporijjia et la cité portuaire de Marioupol. 

Alors que Moscou assure avoir «libéré» Marioupol, Kiev maintient que la ville résiste encore aux troupes russes. Selon l'Ukraine, des combattants ukrainiens continuent de défendre l'immense complexe métallurgique Azovstal. La chute totale de Marioupol, un grand port industriel sur la mer d'Azov, devenu ville-martyre et champ de ruines après bientôt deux mois de pilonnage et de siège russes, constituerait une victoire importante pour Moscou, qui cherche à créer un pont terrestre reliant la Crimée annexée avec les zones séparatistes prorusses dans la région du Donbass.

Une offensive russe était par ailleurs en cours dans la région située entre Kherson, seule capitale administrative capturée par les Russes dès les premiers jours de l'invasion, et Mykolaïv, sur la route d'Odessa.

Les négociations se poursuivent

Alors que la guerre a commencé depuis deux mois, les négociations entre Moscou et Kiev visant à régler le conflit n'ont donné lieu à aucune avancée apparente. Selon les déclarations du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, vendredi 22 avril, les négociations «patinent». «Elles patinent, car une proposition que nous avons remise aux négociateurs ukrainiens il y a cinq jours et qui a été formulée en prenant en compte leurs commentaires reste sans réponse», a-t-il affirmé.

Le ministre russe a également dit avoir des doutes concernant la volonté des dirigeants ukrainiens de poursuivre ces pourparlers. «Il est très étrange pour moi d'entendre chaque jour des déclarations (...), y compris du président (ukrainien) et de ses conseillers, qui donnent l'impression qu'ils n'ont pas besoin du tout de ces négociations», a-t-il précisé. 

De son côté, Kiev avait souligné quelques jours auparavant, que les discussions avec Moscou étaient «extrêmement difficiles». Samedi 23 avril, le président ukrainien a appelé de nouveau à rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine «pour mettre fin à la guerre». «Je pense que celui qui a commencé cette guerre pourra y mettre fin», a-t-il affirmé. Le président ukrainien a par ailleurs prévenu que Kiev abandonnerait les négociations avec Moscou si les militaires ukrainiens retranchés dans le vaste complexe métallurgique d'Azovstal à Marioupol dans le sud-est de l'Ukraine sont tués par l'armée russe.

Le bilan humain

Actuellement, il n'existe aucun bilan global des victimes civiles. Selon les autorités ukrainiennes, on compterait près de 20.000 morts seulement à Marioupol, en raison des combats mais aussi de l'absence de nourriture, d'eau et d'électricité. Dans les environs de la capitale ukrainienne Kiev, les enquêteurs ont rassemblé plus de 1.000 corps de civils dans des rues, des cours ou des sépultures improvisées, dont certains avaient les mains et les pieds liés ou des blessures par balle dans la nuque, ont expliqué, jeudi 21 avril, des responsables.

Sur le plan militaire, Volodymyr Zelensky a déclaré qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués depuis le début du conflit et quelques 10.000 blessés. Le Kremlin a récemment admis de son côté des «pertes importantes». Le 25 mars, il avait reconnu la mort de 1.351 soldats pour 8.825 blessés. Certaines sources occidentales vont jusqu'à 12.000 soldats russes morts. Ces chiffres sont cependant à prendre avec prudence. 

Un drame humanitaire

Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), 5,16 millions d'Ukrainiens ont quitté leur pays depuis le début de l'invasion russe le 24 février. En avril, ce sont à ce stade un peu plus de 1.128.000 Ukrainiens qui ont fui, bien moins que les 3,4 millions qui avaient choisi l'exode en mars. Plus de 7,7 millions de personnes ont par ailleurs quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

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