De nouveaux heurts entre policiers israéliens et manifestants palestiniens ont éclaté ce vendredi 22 avril au matin sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem. Troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme, l'édifice est depuis longtemps un lieu ultra-sensible dans la Vieille ville.
L'esplanade des Mosquées, aussi appelée Mont du Temple par les juifs, est en effet souvent perçue comme une poudrière où le moindre incident peut dégénérer au point d'embraser la région.
Ces derniers jours la tension est allée crescendo et encore plus ce vendredi, le troisième du mois sacré musulman du ramadan, lequel a coïncidé avec la fin des célébrations de Pessah, la pâque juive.
L'occasion de revenir sur l'histoire du lieu, pour le moins compliquée.
Un site datant du VIIe siècle
L'esplanade des Mosquées s’étend sur 14 hectares en surplomb de la Vieille ville de Jérusalem. Elle est située dans le secteur palestinien de la ville sainte, occupé et annexé par Israël depuis 1967 et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'État auquel ils aspirent.
Sa construction a commencé au VIIe siècle, après la prise de Jérusalem par le calife Omar. Elle est bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 et dont le plus important vestige connu, le mur des Lamentations, est situé en contrebas.
Une lieu sensible
L'esplanade est au cœur de toutes les tensions entre Israéliens et Palestiniens. Israël assure ne pas vouloir modifier le statu quo hérité du conflit de 1967. Les règles tacites de ce statu quo autorisent les musulmans à monter à toute heure du jour et de la nuit sur l'esplanade et les juifs à y pénétrer à certaines heures mais sans y prier.
L'augmentation du nombre de juifs visitant l'esplanade ainsi que la présence d'ultranationalistes juifs, entraînent des tensions fréquentes avec les fidèles musulmans. Ces derniers craignent que l'État hébreu ne tente de modifier les règles qui régissent l'accès à l’esplanade administrée par la Jordanie mais dont l'accès est contrôlé par la police israélienne.
En 1996, une décision israélienne d'ouvrir une nouvelle entrée à l'ouest de l’esplanade a provoqué des heurts qui ont fait plus de 80 morts en trois jours.
Le 28 septembre 2000, la visite sur l’esplanade d'Ariel Sharon, alors leader de l'opposition de droite israélienne, avait été perçue comme une provocation par les Palestiniens. Le lendemain, des heurts sanglants ont opposé Palestiniens et policiers israéliens qui ont tué sept manifestants par balle, marquant le début de la Seconde intifada, ou soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne, après celle de 1987-1993.