Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé samedi soir une situation «inhumaine» à Marioupol, alors que l’armée russe affirme contrôler quasiment entièrement cette ville du sud de l’Ukraine.
«La situation à Marioupol reste aussi grave qu'elle est possible de l'être. Tout simplement inhumaine», a lancé Volodymyr Zelensky dans un message vidéo diffusé sur ses réseaux sociaux. «C'est ce que la Fédération de Russie a fait. A fait délibérément. (...) La Russie essaie délibérément de détruire quiconque se trouve à Marioupol».
Il a une nouvelle fois réclamé à l’Europe la livraison d’armes lourdes pour faire face aux soldats russes pour «réduire la pression sur Marioupol et lever le siège», ou bien d’engager des efforts supplémentaires pour une sortie diplomatique du conflit.
Le ministère de la Défense russe a demandé aux derniers combattants ukrainiens retranchés dans le complexe métallurgique d'Azovstal de cesser les combats dimanche à 6h, heure de Moscou, et d’évacuer les lieux, leur garantissant la vie sauve s’ils acceptaient de déposer les armes. Quelques jours plus tôt, Volodymyr Zelensky menaçait de rompre les négociations avec Moscou si l’armée russe tuait les derniers soldats ukrainiens présents à Marioupol.
Les civils souffrent de la famine
Volodymyr Zelensky a également évoqué son inquiétude pour les populations civiles encore présentes dans la ville assiégée par l’armée russe, dont les conditions de vie sont devenues extrêmement difficiles. «Il n'y a ni nourriture, ni eau, ni médicaments», s'est-il emporté auprès de médias, accusant les Russes de «refuser» la mise en place de couloirs humanitaires.
Le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM), agence humanitaire de l’ONU luttant contre la faim dans le monde, a en effet indiqué qu’environ 100.000 civils sont au bord de la famine à Marioupol, manquent d’eau, de nourriture mais aussi de quoi se chauffer. «Nous demandons à tout le monde de nous donner l'accès dont nous avons besoin pour atteindre les habitants des villes assiégées», a déclaré le directeur exécutif du PAM, David Beasley, cité dans un communiqué, qui indique que les convois humanitaires ne sont plus autorisés à entrer dans la ville encerclée par l'armée depuis plus de deux semaines, alors que le PAM s'est engagé à livrer des colis alimentaires aux civils pris au piège. «C'est une chose lorsque les gens souffrent des ravages de la guerre. C'en est une autre quand ils meurent de faim», a-t-il ajouté.
Les autorités ukrainiennes prédisent un bilan d’entre 20.000 et 22.000 morts à Marioupol, tandis que Moscou a de nouveau orienté ses missiles vers la capitale ukrainienne, Kiev, après la perte de son navire amiral Moskva dans la Mer Noire.