Par l’intermédiaire de son Premier ministre Boris Johnson, le Royaume-Uni a annoncé ce jeudi 14 avril un projet visant à confier la surveillance de la Manche à la Royal Navy et à renvoyer les immigrés entrés illégalement sur le territoire vers le Rwanda.
Conformément à sa promesse faite lors de la campagne du Brexit, Boris Johnson a durci le ton concernant les mesures pour diminuer l’immigration illégale au Royaume-Uni, à un mois d’une échéance électorale locale.
«A partir d'aujourd'hui (...) toute personne entrant illégalement au Royaume-Uni ainsi que ceux qui sont arrivés illégalement depuis le 1er janvier pourront désormais être relocalisés au Rwanda», a annoncé le leader du parti conservateur jeudi dans un discours.
Pour arriver à ses fins, le gouvernement britannique va financer le dispositif à hauteur de 120 millions de livres, soit 144 millions d’euros. De son côté, le pays africain a ouvert aux immigrés accueillis la possibilité «de s'installer de manière permanente au Rwanda s'ils le souhaitent».
Les traversées illégales de la Manche ont triplé en 2021
D’après le ministère de l’intérieur britannique, le nombre de traversées illégales de la Manche a triplé en 2021, avec 28.500 personnes recensées en 2021, contre 8.466 en 2020 et 299 en 2018.
Médiatisée avec la mort tragique de 27 migrants dans un naufrage en novembre dernier, la problématique de l’immigration illégale au Royaume-Uni a tendu les relations avec la France.
«Notre compassion est peut-être infinie mais notre capacité à aider des gens ne l'est pas», a expliqué Boris Johnson, ajoutant que «ceux qui essayent de couper la file d'attente ou abuser de notre système n'auront pas de voie automatique pour s'installer dans notre pays mais seront renvoyés de manière rapide et humaine dans un pays tiers sûr ou leur pays d'origine».
Un projet fortement critiqué
Pour lutter plus efficacement contre cette forme d’immigration, le gouvernement britannique a confié ce jeudi le contrôle des traversées illégales de la Manche à la Marine. Il a également annoncé la fin de l’hébergement de ces migrants dans des hôtels, privilégiant plutôt les centres d’accueil, comme c’est le cas en Grèce.
Critiqué pour son inhumanité, ce projet de loi a fait bondir les associations et organisations de défense des droits de l’homme. Amnesty International a fustigé «une idée scandaleusement mal conçue» qui «fera souffrir tout en gaspillant d'énormes sommes d'argent public», critiquant aussi le «bilan lamentable en matière de droits humains» du Rwanda.
L’opposition a estimé que le Premier ministre tentait de détourner l'attention après avoir reçu une amende pour une fête d'anniversaire malgré le confinement en vigueur.