Il était surnommé «le meilleur ennemi de la France». Le Mucem, à Marseille, accueille à partir de ce mercredi une exposition sur l’émir AbdelKader, une figure de l'indépendance algérienne.
L’événement prend place jusqu’au 22 août dans la cité phocéenne. Il met en avant celui qui a joué un grand rôle dans le refus de la présence coloniale française en Algérie et est également considéré comme l'un des fondateurs de l'Algérie moderne.
EXPOSITION || « Abd el-Kader »
Redécouvrez la figure d’Abd el-Kader dans toute sa richesse et son importance historique et intellectuelle.
Portes ouvertes gratuites le 05/04 de 16h à 23h !https://t.co/884o9EpYS7@volotea @CE_CEPAC @PwC_France @CVersailles @MuseeArmee @laBnF pic.twitter.com/nPOo55QPuN— Mucem (@Mucem) April 1, 2022
Né en 1808 à la Guetna, sous l’empire Ottoman, il a affronté très jeune les troupes coloniales françaises, lors de l’invasion d’Alger entreprise par la France, en 1830, afin de chasser les turcs.
La reddition de l’émir Abdelkader a été actée après 17 années de combats, avec la promesse d’être exilé en terre arabe, comme le rappelle Le Point Afrique. Une parole non tenue car il a alors été emprisonné à Pau (Pyrénées-Atlantiques), à Toulon (Var) puis au château d'Amboise (Indre-et-Loire), de 1848 à sa libération en 1852. C’est près de ce lieu qu’une sculpture de lui a été vandalisée avant même son inauguration, le 5 février dernier.
Il a protégé des milliers de chrétiens et de juifs
Arrivé au pouvoir en 1848, Louis Napoléon Bonaparte a autorisé l’émir Abdelkader à partir vers le «Levant», d'abord en Turquie puis à Damas (Syrie).
Il y a alors mené «une vie d'études et de recentrement spirituel» qu’il a appelé «le grand jihad» : «une lutte contre soi-même et la quête toujours plus intense de la voie soufie, notamment à travers les enseignements d'Ibn Arabi», précise le quotidien.
En 1860, à Damas, il a joué un rôle crucial en protégeant les vies d’environ 12.000 chrétiens et juifs de la ville, en proie aux persécutions des Druzes, pratiquants d’une religion issue de l’Islam, de confession syncrétique, relève Slate. Cet a fait de lui un symbole de tolérance et il a été récompensé de la Grand-Croix de la Légion d'honneur.
L’émir Abdelkader est une figure militaire, nationale, spirituelle et humaniste de l'Algérie. Ses écrits ont mené à des réflexions, notamment sur le droit de la guerre, dont le sort des prisonniers, et cela bien avant la convention de Genève de 1929.
La sculpture en son honneur installée à Ambroise pour commémorer les 60 ans de l'indépendance de l'Algérie avait été proposée par l'historien Benjamin Stora dans son rapport sur «Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie», qui avait été remis à Emmanuel Macron en janvier 2021.
L’Algérie et la France s'emploient depuis plusieurs mois à renouer leur relation, après une nouvelle crise alimentée par des propos rapportés du pensionnaire de l'Elysée en octobre dernier, reprochant au système «politico-militaire» algérien d'entretenir une «rente mémorielle» autour de la guerre d'indépendance de l'Algérie (1954-1962).