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Abus d'enfants inuits : le Canada émet un mandat d'arrêt contre un prêtre français

Joannes Rivoire a déjà fait l'objet d'un précédent mandat d'arrêt, qui n'a jamais été suivi d'effet. [VLADIMIR SIMICEK / AFP]

Les faits sont vieux de plusieurs décennies, mais la communauté inuit canadienne n'a pas l'intention de les laisser tomber dans l'oubli. Ainsi, le Canada a émis un nouveau mandat d'arrêt contre un prêtre français, accusé d'avoir abusé d'enfants inuits il y a plus de trente ans.

Le dossier a été relancé en septembre, lorsque la police de Nunavut, territoire du nord canadien, a reçu une plainte concernant une agression sexuelle survenue il y a quarante-sept ans.

L'enquête a conduit à l'inculpation, fin février, du père Joannes Rivoire, 93 ans aujourd'hui.

Ce prêtre français a passé trois décennies dans le nord canadien, avant de quitter le pays en 1993. Il vit aujourd'hui à Lyon (Rhône) et a déjà fait l'objet d'un précédent mandat d'arrêt qui n'a jamais été suivi d'effet. Interrogé à ce sujet, notamment par Le Monde, il clame son innocence.

Dans l'espoir de se faire entendre, une délégation inuit s'est rendue au Vatican, lundi 28 mars, afin d'évoquer les abus commis au Canada dans les pensionnats pour autochtones, par des membres de l'Eglise. Ils ont demandé au pape François d'intervenir personnellement dans l'affaire et de faire pression pour que Johannes Rivoire soit «jugé pour les torts qu'il a causés», au Canada comme en France.

Les abus commis à l'encontre des peuples amérindiens dans le cadre de la politique d'assimilation mise en place par les autorités canadiennes pendant des décennies sont aujourd'hui reconnus.

Un «génocide culturel»

Entre la fin du XIXe siècle et les années 1980, quelque 150.000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans plus de 130 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture. En 2015, une commission d'enquête nationale avait qualifié ce système de «génocide culturel».

Des milliers d'enfants ne sont jamais revenus de ces pensionnats - les autorités estiment leur nombre entre 4.000 et 6.000. Ces derniers mois, des centaines de sépultures anonymes ont d'ailleurs été découvertes aux abords de ces établissements, choquant tout le pays.

La rencontre entre une délégation de représentants des peuples autochtones canadiens et le souverain pontife est donc historique. Elle doit permettre de «reconnaître la responsabilité» de l'Eglise dans le système de ces pensionnats mais aussi, pour beaucoup de survivants, d'obtenir des excuses officielles.

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