Plus d’un mois après le début de la guerre en Ukraine, la Russie a indiqué dimanche vouloir se concentrer sur «la libération du Donbass», région de l’est du pays contrôlée depuis 2014 par des séparatistes pro-russes. L’Ukraine craint de voir le pays se scinder comme ce fut le cas de la Corée.
Le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a estimé dimanche qu’«après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien», Moscou «pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, (dans) une tentative» d'instaurer une séparation à la coréenne. «Je ne sais pas pourquoi, je suis sûr que cela sera le cas», a-t-il ajouté, sans donner de détails sur une date possible.
Pour rappel, la Corée a été séparée en 1945 à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. L’URSS et les Etats-Unis, passant d’alliés à rivaux, se sont partagé le monde. Ce fut le cas de la Corée, occupée par le Japon, qui s’est donc divisée au 38e parallèle, avec l’armée soviétique dans la partie nord, et l’armée américaine au sud.
Référendum au Donbass sur l'adhésion à la russie
Dans les territoires séparatistes pro-russes d'Ukraine, la question d’un référendum pour rejoindre la Russie est de plus en plus présente. Léonid Passetchnik, leader du territoire de Lougansk, dont la Russie a reconnu l’indépendance, a déclaré : «Je pense que dans un avenir proche, un référendum aura lieu sur le territoire de la république (autoproclamée de Lougansk, ndlr), au cours duquel le peuple exercera son droit constitutionnel absolu et exprimera son opinion sur l'adhésion à la Fédération de Russie.»
Cependant, les autorités ukrainiennes ne sont pas du tout enclines à reconnaître la légitimité de possibles référendums dans les territoires occupés comme Lougansk et Donetsk. «Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n'auront aucune légitimité», a réagi Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, sur les réseaux sociaux. Ce dernier a rappelé que la communauté internationale ne reconnaîtrait certainement pas ces nouvelles frontières, et que la Russie pourrait être alors encore plus isolée qu’elle ne l’est déjà.
Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a toutefois déclaré ce dimanche qu’il était prêt à étudier la question de la «neutralité» de son pays sur le plan international, dans le cadre des négociations avec la Russie. Cela fait partie des exigences de Vladimir Poutine pour mettre fin à l’invasion de l’Ukraine, lui qui craint de voir ce pays frontalier se rapprocher de l'Otan et de l'Union européenne.