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Guerre en Ukraine : la «neutralité» du pays au cœur des négociations

Les négociateurs russes et ukrainiens s'étaient déjà rencontré le 7 mars, au Bélarus (photo) et le 10 mars, en Turquie. [MAXIM GUCHEK / BELTA / AFP]

Les délégations russe et ukrainienne se rencontrent ce mardi à Istanbul pour un nouveau round de négociations. La question de la «neutralité» de l'Ukraine devrait à nouveau être au centre des discussions.

«Ce point des négociations est compréhensible pour moi et il est en discussion, il est étudié en profondeur», a déclaré dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un entretien en ligne à des médias indépendants russes.

Mais ce nouveau statut «devra être soumis à référendum», a-t-il prévenu, réclamant aussi des «garanties de sécurité».

S'il est acté que l'Ukraine ne rejoindra pas l'Otan, les contours de sa future neutralité restent flous.

pas de modèle autrichien ou suédois

La diplomatie russe avait dans un premier temps évoqué l'Autriche et la Suède comme des modèles de neutralité à suivre. Même si dans la réalité, ces pays ne sont pas totalement neutres.

La Suède, historiquement non alignée et non-membre de l'Otan, a peu à peu renoncé à sa neutralité depuis la fin de la guerre froide. Membre de l'UE depuis 1995, elle n'a pas hésité à livrer des armes à l'Ukraine. L'Autriche, pour sa part, peut davantage être considérée comme un Etat neutre car une loi constitutionnelle de 1955 lui interdit d'intégrer une alliance militaire et d'accueillir une base étrangère sur son sol. Pour autant, cela n'a pas empêché Vienne de rejoindre aussi l'UE en 1995 et de prendre aujourd'hui des sanctions contre la Russie, notamment en fermant son espace à aérien aux avions russes.

Quoiqu'il en soit, les exemples venus de l'étranger ont été rejetés en bloc par Kiev : «L’Ukraine est maintenant en état de guerre directe avec la Russie. Par conséquent, le modèle ne peut être qu’ukrainien et ne concerne que des garanties de sécurité légalement vérifiées», a déclaré le négociateur ukrainien Mykhaïlo Podoliak.

Des pays garants ?

Il est aujourd'hui difficile d'imaginer à quoi pourrait ressembler le nouveau statut de l'Ukraine. Le pays a en effet plusieurs fois réclamé que sa sécurité face à la Russie soit garantie par des puissances étrangères, ce qui semble à première vue incompatible avec la neutralité voulue par les Russes.

«Cela signifie que les signataires ne restent pas à l’écart en cas d’attaque contre l’Ukraine comme c’est le cas aujourd’hui, mais qu’ils prendront une part active au conflit aux côtés de l’Ukraine», avait ainsi déclaré Mykhaïlo Podoliak le 16 mars dernier.

Côté russe, on souhaite par ailleurs «que l'Ukraine renonce à la fois à une adhésion à l'OTAN et à l'UE, parce qu'on a bien vu que l'Autriche a réussi à interpréter sa neutralité en rejoignant l'Union européenne», estime la chercheuse Laure Gallouët dans une interview au Dauphiné Libéré.

Un pays coupé en deux ?

Moscou a affirmé vendredi vouloir concentrer son offensive sur l'est de l'Ukraine, un changement de cap qui fait craindre à Kiev une partition du pays. Les séparatistes de Lougansk ont même évoqué la tenue d'un référendum sur l'indépendance de leur territoire.

Le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a estimé dimanche qu'«après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien», Moscou «pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, dans une tentative» d'instaurer une séparation à la coréenne.

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