Le facteur climatique pourrait jouer un rôle important dans l'invasion russe de l'Ukraine, avec l'arrivée attendue de la «raspoutitsa».
Terme russe signifiant «le temps des mauvaises routes», la «raspoutitsa» désigne en Ukraine et en Russie une période de l'année où la terre se transforme en une boue particulièrement collante.
Le phénomène est causé au printemps par le radoucissement des températures et la fonte des neiges, et se produit aussi à l'automne après de fortes pluies. Il s'explique par la nature du sol dans cette région du monde, gorgé d'argile et d'humus.
leS FORCES RUSSES PLUS EXPOSÉES
La raspoutitsa est redoutable pour les véhicules militaires qui peinent à évoluer sur les terrains boueux. Avant même que le dégel n'ait réellement commencé, les images de chars et de véhicules militaires russes embourbés en Ukraine pullulaient déjà sur les réseaux sociaux.
Video, possible from the range in Rostov region. Digger helping tanks stuck in the mud pic.twitter.com/jGFTL5puki via @4emberlen
— Liveuamap (@Liveuamap) February 10, 2022
Cette année, selon les dernières prévisions, la raspoutitsa devrait se manifester à partir de la mi-mars pour une durée de trois à quatre semaines.
Le phénomène, «rendant les sols boueux, canalise les opérations sur le bitume des routes et des rues», analysait la semaine dernière l'historien militaire Michel Goya dans la revue Le Grand Continent. Une configuration qui contraint les forces russes à progresser en colonnes sur les axes routiers et les expose davantage aux problèmes logistiques et aux attaques ukrainiennes.
LA RASPOUTITSA, la hantise des généraux
Bien avant la guerre en Ukraine, la raspoutitsa a déjà perturbé de nombreux conflits dans l'Est de l'Europe. Les troupes de Napoléon en ont fait la pénible expérience, retardées lors de leur retraite de Russie fin 1812 au point d'être rattrapées par les rigueurs de l'hiver.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le phénomène a aussi mis en déroute Adolf Hitler dans son invasion de l'Union soviétique.