Alors que la menace nucléaire a été accentuée sur notre continent avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de nombreux Européens se sont rués dans les pharmacies à la recherche d’iode. Pourtant, son recours, sous l’encadrement des autorités, a toujours été strictement réservé aux cas d’urgence.
En réaction à la prise de Zaporijia, la plus grande centrale nucléaire d’Europe, par les Russes ce vendredi, la France a annoncé ce lundi, par l’intermédiaire de son ambassadeur en Ukraine Etienne de Poncins, la livraison de 2,5 millions de doses d’iode dans le pays en guerre.
Utilisée pour protéger des radiations les parties du corps dont le diamètre est proche de 5cm, cette technique a toujours été réservée à une utilisation d’urgence en raison de ses effets limités dans le temps.
Dr Brigitte Milhau, sur les capsules d'iode pour prévenir des ondes radioactives : «En prévention, c'est inutile, voire cancérogène» dans #LaMatinale pic.twitter.com/75vAB0riox
— CNEWS (@CNEWS) March 7, 2022
«S’il y a une libération d’iode radioactif dans l’air, pour éviter que ce soit l’iode radioactif et cancérogène qui aille se fixer sur la thyroïde, on va vous donner des comprimés d’iode pour saturer tous les récepteurs de la thyroïde. L’iode radioactif, s’il est libéré, ne pourra pas se fixer puisque tous les sites seront déjà saturées», a expliqué le Dr Brigitte Milhau dans La Matinale sur CNEWS.
Des effets limités sur la durée
Mais il est important de rester prudent. «L’iode en prévention, c’est inutile voir même dangereux (…) Ce qu’il faut bien comprendre, c’est le fonctionnement de la thyroïde, une glande située à la base du cou qui régule d’innombrables fonctions comme la fréquence cardiaque, la température corporelle, l’humeur ou encore le poids. C’est le chef d’orchestre de nombreuses fonctions du corps. Et le carburant de la thyroïde, c’est l’iode», a expliqué la médecin ce lundi matin.
Sur son site internet, l’Institut de Radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN) a dévoilé les conditions d’administration des comprimés d’iode stable en cas d’attaque nucléaire pour les personnes exposées. «En situation accidentelle et uniquement sur instruction des autorités», la prise d’un comprimé doit avoir lieu «au plus tôt une heure avant l’exposition à la radioactivité, et au plus tard dans les 6 à 12 heures qui suivent». Après 12 heures, l’efficacité du produit se réduit et après 24 heures, les effets secondaires sont plus graves que les bénéfices recherchés.
En France, l’Etat a constitué un stock d’iode stable, dont la distribution a été placée sous la responsabilité des préfets, en cas d’éventuel incident nucléaire. Des comprimés d’iode ont également été distribués dans les bâtiments publics et aux particuliers habitant dans un rayon de 20 kilomètres autour des centrales nucléaires.