La liste des médias suspendant leurs activités en Russie s'allonge après l'adoption d'une loi qui condamne sévèrement la publication d'«informations mensongères».
Par craintes de représailles, l'agence de presse hispanophone EFE, le quotidien El Pais ainsi que la radiotélévision publique espagnole RTVE ont annoncé samedi qu'ils mettaient fin temporairement à leur couverture de la Russie.
Ces médias espagnols emboîtent le pas à de nombreux autres organes de presse qui ont retiré leurs correspondants de Russie : les radiotélévisions publiques britannique BBC, canadienne CBC/Radio Canada, ou allemandes ARD et ZDF, l'agence Bloomberg News, les chaînes de télévision américaine CNN et CBS ou encore la chaîne de télévision italienne RAI.
Côté français, le groupe radiophonique public Radio France a indiqué samedi attendre une expertise juridique pour décider de suspendre ou non la correspondance de ses journalistes en Russie.
Jusqu'à 15 ans de prison
Certains journalistes prennent eux-mêmes la décision de réduire leurs activités. Le correspondant du Monde en Russie Benoît Vitkine a ainsi pris la décision de «ne plus rien publier» sur son compte Twitter «en raison des lois adoptées par la Russie dans le cadre de son "opération spéciale" en Ukraine». Le journaliste précise qu'il poursuit sa couverture de la Russie pour son journal.
La nouvelle loi russe, signée vendredi par le président Vladimir Poutine, prévoit des peines de prison pouvant aller jusqu'à 15 ans de détention pour la propagation d'«informations mensongères sur l'armée russe, surtout si elles entraînent des conséquences sérieuses pour les forces armées».
Une formulation particulièrement floue qui laisse le champ libre à une répression des journalistes indépendants.
Depuis le début du conflit en Ukraine, les autorités proscrivent également l'utilisation des mots «guerre», «invasion» ou encore «offensive» dans les médias.