En pleine invasion de l'Ukraine, les autorités russes ont bloqué ce mardi l'accès à la chaîne de télévision en ligne Dojd et à la radio Echo de Moscou. Ces deux médias russes indépendants payent leur couverture du conflit.
Selon Dojd («Pluie», en russe), les autorités russes les accusent d'avoir relayé des «appels à commettre des actes extrémistes et violents» et publié des informations «sciemment erronées concernant les activités du personnel militaire russe».
Dojd et Echo de Moscou se sont distingués des autres médias russes en ne reprenant pas les éléments de langage du Kremlin, qui parle de l'invasion de l'Ukraine comme d'une simple «opération spéciale» circonscrite à l'est du pays.
Depuis le début du conflit, Moscou proscrit l'utilisation des mots «guerre», «invasion» ou encore «offensive» dans les médias.
«agents de l'étranger»
La chaîne Dojd et plusieurs autres médias russes ont été désignés par les autorités «agents de l'étranger», une étiquette infamante, créée par une loi en 2012, qui vise à les discréditer aux yeux des annonceurs et du public, et à compliquer leur travail avec des formalités administratives écrasantes.
La radio Echo de Moscou, en partie détenue par le géant gazier Gazprom, était jusqu'ici parvenue à conserver son indépendance.
Le pouvoir prépare un durcissement de son arsenal répressif. Un projet de loi, qui prévoit jusqu'à quinze ans de prison pour toute publication de «fake news» concernant l'armée russe, sera examiné vendredi à la Douma, la chambre basse du parlement russe.
La Russie est régulièrement présentée par les ONG comme l'un des pays les plus restrictifs au monde en matière de liberté de la presse. Le pays pointe ainsi à la 150e place sur 180 au dernier index de la liberté de la presse publié par l'ONG Reporters sans frontières (RSF).
Depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, une quarantaine de journalistes ont été tués en Russie, indique RSF.