Depuis la décision de la Russie d’envahir militairement l’Ukraine, la communauté internationale se demande où s’arrêtera Vladimir Poutine dans sa quête de territoires. Parmi les pays proches et potentiellement inquiets, il y a les pays baltes, qui regroupent l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Des États solidaires entre eux, mais aussi vis-à-vis de l’Ukraine.
En effet, lors de l’invasion de l’Ukraine, les pays baltes ont été parmi les premiers à prendre des mesures.
Notamment en fermant leur espace aérien et en cessant la délivrance des visas Schengen aux ressortissants russes.
«Les sociétés baltes ont réagi d’une manière très émotionnelle», a déclaré à CNEWS Emilija Pundziute-Gallois, docteure en science politique à Sciences Po Paris, et spécialiste des États baltes. «Elles ont connu les pressions de Moscou et de l’ère soviétique», a-t-elle ajouté.
Marqués par ce passé commun avec l’Ukraine, les trois pays n’ont pas mis longtemps à exprimer leur solidarité lorsque l'Ukraine a été envahie par la Russie. «Il y a eu un grand nombre d’inscriptions à la Croix-Rouge pour l’accueil des réfugiés».
«Une trentaine de médecins lituaniens se sont même portés volontaires pour se rendre en Ukraine», a expliqué Emilija Pundziute-Gallois.
Une profonde crainte
Si certains représentants internationaux s’inquiètent depuis peu de voir d’autres territoires, après l’Ukraine, devenir des cibles de la Russie, ce sentiment est relativement profond chez les pays baltes.
En effet, cette crainte existe «depuis 2014 avec la Crimée, voire 2008 avec la Géorgie». Ces conflits ont poussé les trois pays à se demander si l’OTAN était en capacité de les défendre en cas d’hostilité.
Face à cette préoccupation, l’OTAN a pris la décision, en 2014, d’envoyer des troupes afin de réaliser des exercices en continu. «Ce ne sont pas des grands contingents. Ils ne sont pas là en permanence mais ils tournent».
Une stratégie défensive organisée par «des nations cadres» de l’OTAN. «Il y a le Royaume-Uni en Estonie, le Canada en Lettonie et l’Allemagne en Lituanie, la composition est internationale».
Devant la menace russe, les pays baltes ont cependant été rassurés par Joe Biden. Lors de sa prise de parole, dans la nuit du 23 au 24 février, le président des États-Unis avait promis de défendre chaque centimètre du territoire délimité par l’alliance atlantique.
De son côté, «le ministre de la Défense lituanien a estimé qu’il n’y avait pas de menace immédiate de la Russie». En effet, les forces installées au Bélarus et leur disposition ne représentaient pas de menace immédiate pour les pays baltes.
Pas de quoi rassurer complètement les populations, toujours inquiètes car elles sont «proches de la ligne de front».
Une volonté d’appartenir à l’Occident
L’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont très tôt décidé de se rapprocher de l’Occident. Une décision à contre-courant du souhait russe de conserver une influence dans l’Est de l’Europe.
Alors que les pays baltes ont fait le choix de leur alliance sécuritaire, les Russes ont estimé que leur entrée dans l'OTAN n’était qu’une «extension», voulue par les États-Unis.
Une hypothèse fermement rejetée par les trois pays. «L’idée de l’intégration des pays Baltes dans l’Union européenne et dans l’OTAN était identitaire et culturelle. C’était une volonté d’appartenir à l’Occident».
Il existe une véritable coordination diplomatique entre les trois voisins depuis les années 1990. «Ils ont vite compris que leur voix était plus forte s’ils se concertaient».
«Ils pensent souvent pareil, leurs réactions sont similaires. Leurs différences sont plutôt d’ordre tactique».