Afin d’assurer un équilibre dans sa zone d’influence, après la chute de l’Union soviétique, plusieurs pays ont participé à la fondation de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), une alliance organisée autour de la Russie.
L’OTSC n’est pas la première organisation à voir le jour en Eurasie. En effet, après la chute de l’Union soviétique, plusieurs nouvelles Républiques, rattachées auparavant à l’URSS, se sont senties vulnérables, notamment vis-à-vis de leur sécurité extérieure.
C’est de cette préoccupation qu’a été signé dans un premier temps le Traité de Tachkent en 1992. A l’initiative de cette alliance, six pays, la plupart en Asie Centrale : Le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Mais aussi l’Arménie et la Russie. Ce petit groupe sera par la suite complété par l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Biélorussie.
Ce Pacte, qui impliquait la protection de la Russie, ne sera pas renouvelé par trois pays : l’Azerbaïdjan, la Géorgie et l’Ouzbékistan.
Devant les difficultés à fédérer, le Pacte est dissous. L’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) voit alors le jour en 2002 avec les six pays encore liés par le Pacte de Tachkent. En 2006, L’Ouzbékistan rejoindra l’organisation, avant de la quitter en 2009.
«Certains pays sont très dépendants de la Russie», a expliqué à CNEWS Vera Ageeva, professeure associée de l’École des hautes études économiques de Saint-Pétersbourg et doctorante à Sciences Po Paris.
Une dépendance «économique mais aussi sécuritaire». «Par exemple, le Tadjikistan est frontalier de l’Afghanistan. Il a besoin de l’aide russe pour se protéger, notamment contre les trafics de drogues et d’armement».
Dans ce nouveau traité, l’article 4 stipule qu’en cas d’un acte d’agression contre un des Etats membres, les autres doivent lui fournir une assistance. L’équivalent de l’article 5 de l’OTAN sur la défense collective.
Un fonctionnement bien différent de l’OTAN
L’Organisation est gérée par un Secrétariat. «Il y a aussi un État-major et une Assemblée Parlementaire, afin de montrer qu’il y a un soutien populaire», a indiqué Vera Ageeva.
En 2009, l’OTSC s'est dotée même de forces de maintien de la paix. Une unité qui a vu le jour un an après le conflit entre la Russie et la Géorgie.
Malgré la présence de six nations, la Russie reste incontestablement le leader d’un point de vue budgétaire et militaire.
Le pays couvre près de 50% des dépenses. A l’inverse de l’OTAN dans lequel le partage est plus visible.
«Le niveau de cohésion, qu’il soit politique et militaire est très différent», car «l’OTAN existe depuis plus longtemps. Le niveau d’opérabilité est très élevé».
En effet, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, fondée en 1949, dispose d’une plus grande expérience, par son ancienneté et ses différentes missions à travers les décennies.
De son côté, l’OTSC a connu sa première intervention en janvier 2022, lors des émeutes au Kazakhstan.
Ne voulant pas envoyer officiellement ses soldats, une intervention conjointe de l’OTSC aurait pu servir de couverture à la Russie.
Des alliés pas tous disposés à intervenir en Ukraine
Alors que la Biélorussie n’a pas caché son intention de soutenir la Russie dans son invasion en Ukraine, d’autres nations membres de l’OTSC n’y sont pas particulièrement favorables.
C’est le cas notamment du Kazakhstan, qui ne serait pas prêt à intervenir à l’étranger.
En effet, pour le gouvernement kazakh, «il est hors de question de devenir un pays agresseur. Le souhait est plus de collaborer avec le plus de pays voisins et internationaux possibles».
Même vision pour le Kirghizistan, dont près de 30% du PIB dépendrait de l’envoi d’argent des communautés kirghizes en Russie.
Malgré cet appui économique, le peuple possède une culture politique, marquée par les deux révolutions qui ont frappé le pays en 2005 et 2010. «Même si le Parlement kirghize accepte sous la pression du Kremlin de s’engager en Ukraine, la population pourrait sortir dans la rue pour protester», a estimé Vera Ageeva.
En effet, la Russie n’aurait pas d’intérêt à imposer une pression sur ses alliés et partenaires, tant les ennemis et opposants sont nombreux parmi la scène internationale. Si cette stratégie pourrait être amenée à changer, il «n’est pas dans l’intérêt russe de faire pression sur les autres pour intervenir en Ukraine». Mais plutôt, de «garder ses alliés» au lieu de créer de potentiels nouveaux conflits.