Six mois jour pour jour après leur prise de pouvoir en Afghanistan, le 15 août 2021, les Talibans ont pu recevoir quelques soutiens sur le plan géopolitique. Mais des désaccords majeurs bloquent leur reconnaissance.
Alors que l'Afghanistan se trouve dans une situation économique et sanitaire dramatique, deux blocs ont manifesté des divergences concernant le statut à accorder aux Talibans sur la scène internationale.
«Il y a une rivalité qui se dessine entre un camp avec la Chine, la Russie, l’Asie centrale, le Pakistan, l’Iran, le Qatar et la Turquie, puis de l’autre côté, les Etats-Unis et les Européens. Il y a un pays qui est contre la reconnaissance des Talibans de manière radicale et qui ne veut pas négocier avec eux, quitte à avoir des divergences avec d’autres pays européens comme l’Allemagne, c’est la France», explique Karim Pakzad, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), pour CNEWS.
La drogue et les extrémistes dans le viseur
La réticence des occidentaux est principalement due au passif de l'organisation, qui a gouverné dans la terreur de 1996 à 2001, multipliant les exactions.
Pourtant, même auprès de leurs alliées stratégiques, les Talibans ont un frein de taille dans leurs dialogues : la vente massive de drogue. «L’Afghanistan reste le premier narco-Etat de la planète. 10% des Iraniens sont infectés par l'héroïne et le haschich afghans. A chaque fois qu’il y a des conversations entre les Talibans et les Russes, on s’écharpe sur ce problème. Depuis 20 ans, une moyenne de 30.000 jeunes russes sont morts chaque année en raison de l’héroïne afghane», assure Jean-Charles Jauffret, professeur émérite d’histoire contemporaine de Sciences-Po Aix et auteur du livre «La Guerre inachevée : Afghanistan 2001-2013» (ed. Autrement), dans un entretien accordé à CNEWS.
Autre problématique pointée du doigt dans le pays par ses principaux partenaires, l’existence de groupuscules terroristes et extrémistes actifs. «Ce qui embête la Chine, la Russie, l’Iran et les pays d’Asie centrale, c’est l’existence de groupes plus extrémistes que les Talibans, pas seulement Daesh mais d’autres organisations terroristes ouzbeks ou ouïghours. Même l’Iran a peur que Daesh infiltre le pays par la frontière de l’est. C’est pour ça que ces pays-là hésitent encore à reconnaître les Talibans d’une manière unilatérale», a conclu Karim Pakzad, chercheur à l’IRIS.