Deux manifestants hostiles au pouvoir militaire en place au Soudan ont été tués dimanche alors qu'ils défilaient à Omdourman, dans la banlieue nord-ouest de Khartoum.
Le syndicat de médecins pro-démocratie qui a annoncé la mort des manifestants a également déclaré que l'un d'eux avait été touché par balle au niveau de la poitrine.
Le second mort de ce dimanche a subi «un violent coup à la tête qui lui a brisé le crâne», précisent ces médecins alors que les forces de sécurité passent régulièrement à tabac des manifestants avec des bâtons.
Dans un ballet désormais rôdé, les autorités ont d'abord tenté, en vain, de tuer la mobilisation dans l'oeuf en érigeant barrages physiques et virtuels. Khartoum est depuis plusieurs jours coupée de ses banlieues par des containers placés en travers des ponts sur le Nil.
Internet et les téléphones portables ne sont plus connectés depuis dimanche matin et, sur les principaux axes, les forces de sécurité juchées sur des blindés armés de mitrailleuses lourdes surveillent les passants.
Le Soudan face à une crise démocratique
Des milliers de Soudanais ont malgré tout répondu à l'appel des militants à manifester «en mémoire des martyrs», faisant face à des tirs de grenades lacrymogènes devant le palais présidentiel à Khartoum, où siègent désormais les autorités de transition dirigées par le général Burhane, et de balles réelles à Omdourman, dans la banlieue nord-ouest.
Toute l'après-midi, les partisans d'un pouvoir civil ont scandé par milliers «les militaires à la caserne» et «le pouvoir au peuple», tandis que des jeunes sur des motos sillonnaient la foule pour évacuer des blessés car à chaque mobilisation, les ambulances sont bloquées par les forces de sécurité.
Les militants appellent à faire de 2022 «l'année de la poursuite de la résistance», réclamant justice pour les manifestants tués. Depuis le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhane, au Soudan, le 25 octobre dernier, 56 manifestants ont été tués et des centaines blessés.