Ce jeudi 25 novembre marque la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. En France, malgré la mobilisation du gouvernement, les moyens mis en œuvre pour protéger et accompagner les victimes sont jugés insuffisants.
Le chiffre fait froid dans le dos. Chaque jour, 137 femmes sont tuées dans le monde par un membre de leur famille, selon l’ONU, et une femme sur trois a déjà subi des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. De la remarque sexiste jusqu’au crime le plus abject, ces actes ne connaissent ni frontières géographiques ni barrières sociales. Des manifestations sont donc organisées un peu partout, et notamment en France.
Samedi dernier, 18.000 personnes ont déjà manifesté à Paris pour dénoncer le sexisme, qui fait pourtant partie des grandes causes du quinquennat et alors que les associations soulignent des dysfonctionnements fréquents dans la prise en charge des victimes.
Des statistiques à la hausse
Selon le rapport du service statistique du ministère de l’Intérieur, publié lundi, les violences commises par un conjoint ou ex-conjoint ont augmenté de 10 % en 2020. Les femmes en sont d’ailleurs les principales victimes (87 %). Les autorités ont aussi constaté une hausse de 10 % des violences conjugales pendant le premier confinement par rapport à la même période l’année précédente. Au total, en 2020, 102 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint. Elles étaient 146 en 2019.
Parallèlement, les appels au 3919, plate-forme d’écoute gratuite pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, harcèlement, etc.) ont augmenté de 22 % en 2020 et de 114 % entre 2017 et 2020. Quelque 99.538 appels y ont été passés l’année dernière. La Fondation nationale solidarité femme, qui gère cette plate-forme, souligne par ailleurs que la quasi-totalité d’entre eux (95 %) concernaient des violences conjugales.
Si les signalements augmentent sur ce numéro, il n’en est pas de même chez les forces de l’ordre. Selon l’enquête Cadre de vie et sécurité 2019, chaque année en moyenne entre 2011 et 2018, seules 26 % des victimes de violences conjugales poussent la porte du commissariat ou de la gendarmerie et 11 % déclarent avoir porté plainte. Cela découle, selon les associations de protection des femmes, d’un dysfonctionnement dans l’accueil des victimes mais aussi du manque de solutions apportées aux femmes en détresse.
Des réponses jugées insuffisantes
De nombreuses victimes témoignent sur les réseaux sociaux, grâce au #DoublePeine, du mauvais accueil reçu dans certains commissariats. En octobre, le ministre de l’Intérieur affirmait qu’«il y a encore ici ou là des difficultés, parfois par manque de formation», tout en rappelant que, depuis le Grenelle sur les violences conjugales de 2019, 90.000 policiers et gendarmes ont reçu une formation dédiée. Il a toutefois annoncé l’expérimentation d’un nouveau dispositif de prise de plainte hors du commissariat, «au domicile de la personne, chez une amie, ou dans une mairie».
Dans son rapport 2021, la Fondation des femmes souligne aussi le manque de places d’hébergement d’urgence : 40 % des femmes ne se voient pas proposer de solution pour être éloignées de leur conjoint violent. Si 1.000 places supplémentaires sont prévues en 2021, portant leur nombre à 7.700, il en faudrait plus de 20.000, selon l’association. Preuve que le chemin est encore long.