Près de la moitié de la population mondiale s’alimente mal, selon le dernier rapport «Global Nutrition report» (GNR) qui s’appuie sur de nombreuses données de l’ONU et de l’OMS. De nombreux efforts restent à faire pour lutter aussi bien contre l’anémie que contre la surcharge pondérale, et pour promouvoir une alimentation saine.
La lutte contre la malnutrition se concentre sur cinq objectifs principaux : le retard de croissance (lorsque les enfants sont trop petits pour leur âge), la cachexie (amaigrissement et fatigue généralisée dus à une grave maladie ou à la sous-alimentation), l'insuffisance pondérale à la naissance, l'anémie et le surpoids chez l'enfant, rappellent les scientifiques indépendants à l’origine de ce rapport, publié ce mardi 23 novembre. Cependant, aujourd’hui encore dans le monde, «149,2 millions d'enfants de moins de 5 ans souffrent d'un retard de croissance, 45,4 millions sont émaciés (trop maigres pour leur taille, ndlr) et 38,9 millions sont en surpoids.»
Les objectifs sont aussi loin d'être remplis concernant la lutte contre les maladies liées à l’alimentation (la consommation de sel, l'hypertension artérielle, l'obésité des adultes et le diabète). Or aujourd’hui, «plus de 40 % des hommes et des femmes (2,2 milliards de personnes) sont en surpoids ou obèses». Au rythme actuel, le monde n'atteindra pas huit de ces neuf objectifs nutritionnels fixés par l'Organisation mondiale de la santé pour 2025, indique le rapport. Ainsi, 48% de la population mondiale mange trop ou trop peu, selon les experts.
«Les décès évitables, dus à une mauvaise alimentation, ont augmenté de 15% depuis 2010» pour représenter aujourd'hui «un quart de tous les décès d'adultes», a déclaré à l'AFP la présidente du groupe d'experts indépendants du GNR, Renata Micha.
La malnutrition entraîne des problèmes environnementaux
Si 105 des 194 pays évalués sont «en bonne voie» pour réduire la surcharge pondérale des enfants, seulement un quart de ces pays montrent des résultats positifs en matière de lutte contre l'émaciation et les retards de croissance, et les niveaux d’anémie chez les plus jeunes n’ont pas diminué voire se sont aggravés dans 161 pays.
En plus de nuire à notre santé, nos régimes alimentaires nuisent également à la planète. Le Global Nutrition Report indique que «la consommation de fruits et légumes est encore inférieure d'environ 50 % par rapport au niveau recommandé de cinq portions par jour (…) et la consommation de légumineuses et de fruits à coque est inférieure de plus de deux tiers au niveau recommandé de deux portions par jour». Sans surprise, les pays à plus faibles revenus consomment beaucoup moins de ces aliments essentiels à une alimentation équilibrée. Des problèmes aggravés par la pandémie de coronavirus, qui a projeté environ 155 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté.
En revanche, les pays développés consomment quant à eux plus d'aliments qui ont des effets nocifs sur la santé, comme les boissons sucrées et les aliments transformés ou les produits laitiers. La consommation de viande rouge est par ailleurs en forte augmentation. «Les aliments d'origine animale ont généralement une empreinte environnementale par produit plus élevée que les aliments d'origine végétale», indique le rapport.
Le GNR a calculé que la demande alimentaire mondiale avait généré quelque 35% des émissions de gaz à effet de serre en 2018. «Par rapport à 2010, les impacts environnementaux de la demande alimentaire ont augmenté de 14 %, les aliments d'origine animale étant responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre et de l'utilisation des terres. Les régimes alimentaires d'Amérique du Nord ont le plus grand impact sur l'environnement, tandis que ceux d'Afrique et d'Asie en ont le moins», selon les conclusions du rapport.