Il est le grand favori de l’élection d’octobre 2022. Luiz Inacio Lula Da Silva, plus connu sous le nom Lula, le très populaire ancien président de gauche du Brésil, a déclaré qu’il se sentait «prêt» à se présenter. Il pourrait donc bien affronter l’actuel président d’extrême droite Jair Bolsonaro dans quelques mois.
«Je suis prêt, je suis motivé, je suis en bonne santé», a déclaré Lula lors d’une conférence de presse à Bruxelles, alors qu’il se lance dans une semaine de rencontres politiques en Europe. S'il affirme qu’il ne prendra et n'annoncera sa décision qu’au début de l’année 2022, tout laisse à penser que le leader du Parti des Travailleurs (PT) va se lancer dans la course à la présidentielle, pour un troisième mandat.
Son agenda des dernières semaines ressemble fortement à celui d’un homme politique en campagne. En effet, il s’est déjà rendu dans plusieurs États du Nordeste, une des régions les plus pauvres du Brésil historiquement proche du PT, qui constitue son bastion politique, pour s’entretenir avec les élus locaux. La semaine dernière, il a également passé six jours à la capitale Brasilia, à rencontrer des diplomates, gouverneurs, députés et sénateurs, fustigeant au passage la politique de Jair Bolsonaro.
Lula se veut aussi très présent sur la scène internationale. Présent ce lundi 15 novembre au Parlement européen, il doit encore se rendre à Berlin, Madrid et Paris. Il est d’ailleurs accueilli ce mardi par Anne Hidalgo, la maire de la capitale française, pour un déjeuner, et doit prononcer un discours ce soir dans la prestigieuse école de Sciences Po. Demain, mercredi 17, il se verra remettre le «prix du courage politique» 2021 de la revue Politique internationale, et doit retrouver Jean-Luc Mélenchon, qu’il a déjà rencontré à plusieurs reprises, le leader insoumis lui ayant même rendu visite lorsqu’il était incarcéré au Brésil.
PREMIER DANS LES SONDAGES, et de loin
Depuis plusieurs mois, Lula est donné grand favori dans les enquêtes d’opinion sur l’élection de 2022. Selon le sondage Genial/Quaest publié le 10 novembre dernier, le leader du PT est crédité de 48% des intentions de votes au premier tour, contre 21% pour le président sortant Jair Bolsonaro, 8% pour Sergio Moro, ancien juge qui a fait incarcérer Lula et ancien ministre de la Justice de Bolsonaro, qui a rejoint le parti centriste Podemos, rapporte CNN Brésil.
Lors de ses huit années en tant que président de la République du Brésil, de 2003 à 2011, Lula a bénéficié d’une conjoncture économique favorable qui lui a permis de mettre en œuvre de grands programmes sociaux. Il a notamment mis en place des aides financières pour permettre aux familles les plus pauvres de sortir de la faim, qui ont permis de faire baisser la malnutrition au Brésil de 47% sous ses mandats. Son travail a par ailleurs été salué par les Nations Unies en 2010. Il a aussi pérennisé la «Bolsa Familia», programme d’allocation pour les familles les plus démunies. Durant sa présidence, quelque 30 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté, ce qui explique sa grande popularité, malgré les scandales de corruption dont il a fait l’objet.
De son côté, la popularité de Jair Bolsonaro n’a fait que dégringoler depuis le début de la pandémie de coronavirus, dont la gestion par son gouvernement est jugée catastrophique par de nombreux Brésiliens. Il n’a cependant pas caché son intention de se représenter pour l’élection d’octobre prochain, affirmant même : «J’ai trois alternatives pour mon avenir : être emprisonné, être mort ou victorieux (…) Vous pouvez être sûr que la première alternative n'existe pas. Je fais ce qu'il faut et je ne dois rien à personne.»