L'horizon est radieux pour Elon Musk. Son entreprise, Tesla, est entrée ce lundi 25 octobre dans le club très fermé des sociétés valant plus de 1.000 milliards de dollars en Bourse. Un succès rendu possible notamment grâce à une énorme commande de 100.000 véhicules électriques de la part du loueur Hertz.
L'action du groupe s'est envolée de 12,66%, terminant à 1.024,86 dollars à Wall Street, ce qui lui donne une capitalisation boursière de 1.029 milliards de dollars. A l'heure actuelle, seuls Apple, Microsoft, Google et Amazon valent plus chers que Tesla sur la place de New York. L'entreprise d'Elon Musk y vaut par ailleurs 12 fois plus que le plus gros vendeur de voitures aux Etats-Unis, à savoir General Motors.
Wild $T1mes!
— Elon Musk (@elonmusk) October 25, 2021
Puisqu'il possède environ 17% des parts de Tesla, selon le cabinet Factset, Elon Musk confirme dans le même temps sa position d'homme le plus riche au monde. Il avait déjà vu l'action grimper la semaine dernière, après la publication des résultats du constructeur. Des ventes et des bénéfices records ont en effet été enregistrés au troisième trimestre, alors même que le secteur automobile est touché par des problèmes d'approvisionnement et de pénurie de semi-conducteurs.
La commande de 100.000 véhicules électriques d'ici fin 2022 pour Hertz a maintenu l'action sur sa trajectoire ascendante. Mark Fields, le patron du loueur de voitures, estime que ces voitures «sont devenues des produits grand public». Avec ces nouvelles acquisitions chez Tesla, l'électrique devrait représenter plus de 20% de la flotte chez Hertz. Voilà pourquoi Mark Fields ne lésine pas sur les moyens : il a engagé Tom Brady, la star du football américain, pour assurer la promotion de cette nouvelle stratégie.
Pour Dan Yves, analyste au sein de la société d'investissement Wedbush, «une commande de cette ampleur [...] met en évidence l'adoption progressive des véhicules électriques aux Etats-Unis». Il estime d'ailleurs que le pays est en train de rattraper son retard sur la Chine et l'Europe en la matière. D'autres constructeurs automobiles américains se lancent dans l'électrique, mais Elon Musk a pris de l'avance.
La sécurité en question
Tesla est l'une des entreprises les plus rentables d'un secteur automobile pourtant fragilisé. Dans ce contexte difficile, une telle croissance de son chiffre d'affaires est tout simplement «extraordinaire», d'après les experts du groupe bancaire Morgan Stanley. Sans compter que la société fondée par Elon Musk doit bientôt étendre ses capacités de production en ouvrant deux nouvelles usines, au Texas et à Berlin.
Les activités annexes de Tesla se développent également, notamment son réseau de bornes de recharge, ses assurances automobiles ou encore ses logiciels de conduite autonome. Sur ce dernier point néanmoins, le groupe est dans le viseur du bureau américain en charge de la sécurité des transports, le NTSB. L'instance a d'ailleurs adressé une lettre à Elon Musk, ce lundi 24 octobre, se disant «très inquiète».
Elle fait référence au test, depuis le début du mois, d'une nouvelle version du système d'aide à la conduite de Tesla, surnommé Full Self Driving Beta (ou FSD Beta), par un groupe de conducteurs spécialement sélectionnés. Le NTSB déplore que cet essai en conditions réelles soit réalisé sans en avoir auparavant référé aux autorités compétentes.
Seeing some issues with 10.3, so rolling back to 10.2 temporarily.
Please note, this is to be expected with beta software. It is impossible to test all hardware configs in all conditions with internal QA, hence public beta.— Elon Musk (@elonmusk) October 24, 2021
Sachant que le test en question a connu ce week-end des «problèmes» dont la nature n'a pas été précisée mais qui ont conduit au retrait temporaire d'une nouvelle mouture du FSD Beta. Le NTSB juge ces nouvelles expérimentations prématurées, alors qu'Elon Musk n'a toujours pas expliqué comment il comptait mettre en oeuvre les recommandations émises après un accident mortel survenu en 2016. A l'époque, l'instance avait considéré que la fonction Autopilot du véhicule était en partie responsable.
«Vous avez déclaré que "la sécurité est toujours la priorité dans la conception d'une Tesla", écrit le NTSB dans sa lettre à Elon Musk. Cette déclaration est complètement sapée par l'annonce selon laquelle les conducteurs de Tesla peuvent demander à utiliser FSD Beta aussi bien sur les autoroutes qu'en milieu urbain alors que vous n'avez pas remédié aux défauts de conception» à l'origine de plusieurs accidents.
Parmi ses recommandations, le NTSB avait demandé, à Tesla ainsi qu'à 5 autres constructeurs, d'incorporer dans leurs systèmes d'aide à la conduite des outils limitant leur utilisation aux conditions pour lesquelles ils sont prévus. La nécessité de développer des applications permettant de déterminer les moments où le conducteur n'est plus suffisamment attentif avait également été soulignée. D'après l'instance, Tesla est le seul constructeur automobile à n'avoir jamais répondu à ses sollicitations.